Arithmétique arythmique [Himawari]

†

Ce jour d'aujourd'hui ne s'annonçait pas des plus radieux pour toi. C'était un jour de réflexion. Comme toujours me diras-tu. Sauf que ton mental et tes moeurs détournaient tout. Ta pensée du jour était bien bête mais tellement bête qu'elle en était des plus douteuses. Tu étais, à ce moment-là, un homme de réflexion qui concevait des hypothèses, des thèses, des remarques. La matin, en te levant, tu regardais ton réveil et plus précisément l'heure indiquée. Il était affiché 09heures et 17minutes. Tu observais les chiffres écrits en rouge, tu faisais une fixation dessus et cela avait bien duré cinq minutes. Lorsque 09h22 s'afficha, tu eus un déclic.

* ... c'est pas logique du tout.
17 + 5 ça ne devrait pas faire 22 mais 175. *


Ce constat était creux et tu ne pensais qu'avec les yeux. Et alors, tu te demandais le pourquoi du comment. Tu te posais des questions et tu ne comprenais pas pourquoi des chiffres ajoutés ne donnaient pas des forcément des chiffres ressemblants. 17 et 5 n'ont pas le chiffre 2 qui les compose et pourtant, ensemble, ils donnent 22. Naturellement, tu en avais conclu que :

* Celui qui a inventé les chiffres arabes n'avait pas de logique. *


†

11heures et 39minutes. Tu avais vagabondé sur l'île comme une âme en peine, sans but, pour te retrouver dans une aire de jeu. Tu ne savais pas comment tu avais pu atterrir ici et tu étais clairement perdu. Tu ne paniquais pas vraiment. Tu n'avais juste pas tellement envie de te perdre davantage car tout le monde savait que plus tu bougeais moins tu avais de chance de t'en sortir. Alors, tu avais décidé de ne plus bouger. Tu regardas autour de toi et tu remarquas que l'aire de jeu était assez sympathique puis vide de monde parce qu'il ne faisait pas très beau. Le ciel était couvert par des nuages et il faisait plutôt frais. On aurait dit un lieu hanté avec le vent qui soufflait sur les balançoires et les tourniquets, laissant un murmure creux de grincement. Ça t'avais donné envie de jouer un peu. Obéissant à ton instinct de gamin, tu avança promptement jusqu'à une balançoire qui ne se trouvait pas loin de toi. Tu posas le pied sur un des sièges de la balançoire, tu te tins debout et tu commenças à te laisser pousser tout doucement. Cela faisait un bon bout de temps que tu n'avais pas fait de la balançoire. Ton expression restait figée, ton écharpe recouvrait la moitié de ton visage, tu regardais vers le ciel et pendant tes allers-et-retours, tu pensas à voix haute :

▬ Combien font deux et deux, déjà ? J'en ai pas la moindre idée.

Ce matin-là, je me réveillais assez tard comparé à mon habitude, il était déjà 7h du matin * en général je me lève vers 3h et je fonce aux jardins... * mais depuis mon arrivée sur l'île je manquais de sommeil!
« On dirait qu'il va pleuvoir aujourd'hui...» dis-je d'une voix détachée qui ne me ressemblait pas.
* Je vais aller me promener... *
On pourrait croire que j'aimais sauter dans les flaques de pluie *et c'est le cas * mais, ce n'était pas pour cette raison que je voulais aller me promener. Mais tout était étrange ce matin-là...
Je m'habillais machinalement et sortais des dortoirs. C'est à ce moment que c'est arrivé, alors que je traversais le Hall d'entrée, la réceptionniste m'appela:
« Mlle Amane? »
Je fus surprise qu'elle connaisse mon nom * elle doit connaître tout le monde * je me sentis un peu coupable de ne pas connaître le sien.
«Oui?
_Une lettre est arrivée pour vous très tôt ce matin! »
Je m'approchais du bureau et pris la lettre... Voilà c'est exactement là que c'est arrivé... La boite où j'avais enfermé tous mes souvenirs et mes sentiments en arrivant sur cette île, ma boite de pandore c'est ouverte au contacte de cette lettre... et malheureusement pour moi, je n'eus pas le temps de la refermer avant que l'espoir n'en sorte...
Les larmes me montèrent aux yeux, la réceptionniste le vit certainement, car elle commença à me questionner:
« Vous savez de qui ça peut venir? Cette lettre a traversé tout le pacifique pour arriver ici, ça doit être important!»
Il était vrai que la lettre n'était pas en bon état, l'enveloppe était toute déchirée, toute sale. Je repris mon sourire habituel.
« Qui sait? Moi je pense que c'est une lettre d'amour»
La jeune fille rougis un peu...
Après ça je mis la lettre dans mon sac et je partis... Dehors il pleuvait, il était environ 8h du matin et le ciel pleurait déjà * Comme c'est triste *

Spoiler:

Pour me soulager je me mis à chanter...
J'errais sur l'île la tête totalement vide pendant plusieurs heures... D'ailleurs heureusement que j'avais la tête vide, car penser et marcher en même temps n'avait jamais été mon fort * il me l'a d'ailleurs souvent reproché * Il s'était arrêté de pleuvoir... mais j'ignorais depuis combien de temps.
Je revenais à moi quand je me pris dans un buisson... Évidemment je tombais...
Je me rendis compte que je me trouvais près de l'aire de jeux * Il y a peut-être des balançoires! * oui j'adorais ça!
Je ne remarquais qu'après les avoir cherchées du regard sur toute l'aire de jeux qu'elles étaient juste devant moi...
Il y avait un garçon qui en faisait. * il n'est pas un peu grand pour faire de la balançoire? *
Le problème était que l'entrée était de l'autre coté, mais que les balançoires étaient devant moi... l'obstacle était la clôture de l'aire de jeux... * que faire? *
C'est alors que j'entendis une voix, mais je ne compris pas de suite que c'était le garçon qui parlait.
▬ Combien font deux et deux, déjà ? J'en ai pas la moindre idée.
Sans réfléchir je me précipitais vers lui pour lui répondre. * sans réfléchir * Bref je me pris la barrière et fis une pirouette avant de retomber sur les fesses.
Je me mis à rire comme une idiote * je dois l'être un peu * et devient toute rouge.
« Ben voilà! Je suis entrée! »
Je continuais de rire quand soudain... la raison de ma précipitation me revient en mémoire. En faisant le signe « deux » avec la main je dis d'une manière sérieuse et en essayant de me donner un air intelligent:
« Deux et deux... ça fait quatre... »
Je remarquais que j'étais couverte de boue...* normal, il a pleut * J'essayais donc de me relever, mais je fus prise d'une douleur à la cheville ce qui me fit, une fois de plus, perdre l'équilibre... Je me raccrochais donc à la seule chose que j'avais sous la main... La corde de la balançoire où le garçon se tenait debout... * Mince...*

Mais combien faisaient deux et deux. Quatre. Tu le savais. Cependant, tu pensais comme tu le voulais alors en fait, tu n'en avais plus la moindre idée. Cela t'avais complètement échappé et tu n'avais pas envie de t'en souvenir. Alors, en toute logique d'infamie, deux et deux faisaient vingt-deux. Tout en te balançant, tu réfléchissais et tu en concluais que philosophiquement :

* ... Oui, c'est ça. C'est 22 la réponse. *


Cela dit, cette réponse n'était pas suffisante pour ton esprit asservi. Il t'en fallait plus et tu n'étais pas satisfait de ta conclusion. Pour compliquer les choses, tu te mis à penser non pas en chiffre, ni même en nombre mais en quantité. Et ça changeait bien des choses.

* Donc, deux et deux ça fait.... *


Soudain, un bruit retentit. Ce bruit n'était pas très lointain et c'était clairement le bruit d'une personne... qui se casse la gueule comme une aubergine qu'on jette par la fenêtre parce qu'elle est parasitée. Enfin, bref. Quelqu'un ou quelqu'une s'était vautrée quelque part non loin de toi. Naturellement, réflexe vital, c'était normal, tu jetas un oeil autour et là, tu aperçus une dandinette. Posée sur ses fesses, tu pouvais deviner qu'elle s'était prise la barrière et tu imaginais vaguement qu'elle avait dû faire une pirouette de la mort qui tue comme dans les films. Tu n'avais rien dit, ni même arrêté ton petit manège d'enfant sur la balançoire et tu te contentais de l'observer. Honnêtement, tu la trouvas niaise. Très niaise. De plus, elle avait cette tête trop innocente et trop pure qui te laissait penser qu'elle devait être naïve.

« Ben voilà! Je suis entrée! »


Tu conservais ton mutisme et tu pensas innocemment qu'elle avait une :

* Drôle façon d'entrer dans une aire de jeu. *


†

Cette inconnue avait envie de te faire rire, un peu. Sauf que tu te retenais et te cachais derrière ton masque. Tu avais envie de rire mais sans méchanceté parce qu'elle te faisait assez sourire sans rien faire d'intelligent en essayant de faire quelque chose d'intelligent, justement. Brandissant sa main pour désigner un "deux", on aurait dit une héroïne qui avait mal tournée. Et ça, c'était rigolo. Cependant, ça l'était moins quand cette timbrée cinglée s'était mise à avoir des sortes de vertiges, à attraper la corde de ta balançoire et à te faire basculer au sol. Celui-ci était assez boueux et puisque tu t'étais renversé dessus, tu allais être bien beau maintenant. Tu étais vêtu de noir et de rouge. Un peu de marron allait te rendre sexy. Et puis la boue c'est bon pour la peau. C'est ce que tu pensas afin de ne pas haïr cette bestiole, là. Parce que oui, tu avais la haine. Presque.
Et, pour ne rien arranger, tu saignais du nez. Tu n'avais pas de mouchoir sur toi alors tu t'agrippas sur le premier truc qui te tombait sous la main, sans trop chercher à voir ce que c'était. Tu étais encore un peu secoué par la chute. Tu attrapas ce qui semblait être un bout de tissu et tu recouvris ton nez avec. Le truc c'était que... ce tissu était l'une des extrémités de la robe de l'inconnue. Et tu venais de la tâcher avec ton sang pour t'en être servi comme d'un torchon. Puisque c'était une fille, ça allait forcément être mal interprété. Mais tu te rendais justice et dans ta tête tu te disais que c'était de sa faute. Tu ne voulais pas lâcher ton tissu et tu ne pensais qu'à ta douleur, à stopper ce sang.

▬ Pardon, j'vous emprunte ça.

La quarante-huitième chute de la journée m'étourdis certainement un peu et je ne m'en relevais pas et comme je suis un peu idiote je n'ai pas compris de suite pourquoi ce garçon reniflait le bas de ma robe, mais quand le joli tissu vert commença à ce teindre de rouge... je ne compris pas non plus... je suis trop bête...mais bon, quand il dit:
▬ Pardon, j'vous emprunte ça.
La chose était d'un coup un peu plus claires.
_Ah! Mais bien sûr!! Tiens!!!
Je lui tendais le bout de ma robe.
_ Je suis tellement désolée c'est ma faute!!! Ne t'inquiète pas! De toute façon je suis couverte de boue alors... Je...
J'avais blessé un pauvre garçon qui ne faisait que s'amuser sur un balançoire... tout ça à cause de ma maladresse...
Je me mis à pleurer comme une madeleine, mais je n'étais pas certaine de la raison pour laquelle je pleurais.
_Je suis... tellement désolée....
Je posais mes bras sur mon visage pour essuyer et cacher mes grosses larmes.
C'est alors que j'entendis d'autres pleures que les miens, c'est d'un enfant (plus logique) il pleurait parce qu'il voulait jouer sur l'air de jeux, mais sa mère lui faisait non de la tête, elle disait en nous regardant le garçon et moi :
_Sinon tu vas finir dans le même état que ceux-là...
Alors, son fils pleurait de ne pas pouvoir jouer. En y repensant cette situation était vraiment ridicule, prêter ma jupe comme mouchoir au premier inconnu...*j'en connais un qui aurait hurlé * je soupirais, cette pensée m'avait rappelé la lettre dans mon sac, qui m'avait rappelé les mouchoirs qui s'y trouvait également...
_Attends une seconde!!!!Je crois que...
Toujours assise dans la boue, je balançais le contenu de mon sac sur mes genoux (Dont ma peluche Alma, mon journal intime ,les mouchoir, mes clefs de chambre, la lettre et mon port-feuille)
_Voilà!! J'ai des mouchoir!! tu vas pouvoir me rendre le bout de ma robe!!! dis-je avec un sourire tellement euphorique qu'on aurait pus croire que c'était le plus beau jour de ma vie.

Quelque chose me disais que ce n'était pas tout, que pour aider ce garçon je pouvais faire plus, autre chose de plus fort. Soudain j'ai senti mes ailes qui commençaient à apparaître, alors comme si j'y étais obligé... j'ai approché ma main de son nez, j'ai senti toute mon énergie traverser mon corps pour se concentrer dans mes doigts et le saignement c'est arrêté...Sa blessure avait disparu et d'un coup je n'avais plus d'énergie du tout... si on m'avait demandé de lever le bras je n'en aurais pas été capable.

L'esprit flou, je devais avoir l'air totalement endormi, mais j'avais l'impression que quelqu'un faisait du trampoline sur mon cerveau, mais je n'avais plus l'énergie de montrer la douleur sur mon visage, seulement la fatigue. Avec la voix d'un somnambule j'ai réussi à articuler:
_En fait... c'quoi ton... nom? Moi c'est... Hima...wa...
Aie!! J'avais commencé à m'effondrer, mais ma tête avait touché quelque chose avant le sol... comme j'étais tombé très lentement je n'avais pas eu si mal que ça... peut-être que j'avais cogné un support de la balançoire? De toute façon je n'y voyais plus grand-chose.