Mouvement.

Un petit "au revoir", ses yeux pleins de larmes, ses mains tremblantes sur mes joues. Je m'en souvenais tellement bien, de ce départ. En même temps, c'était pas comme si ça faisait longtemps. Je pouvais bouger comme je voulais, aller dans le jacuzzi, me prélasser, me faire masser. Bref, je pouvais être traité comme un roi par dessus mes vieilles chansons préférées. Le mieux c'était bien ma guitare préférée - en l’occurrence, la première que j'ai acquise. Je pouvais jouer n'importe où, n'importe quand. Je m'ennuyais pas trop, en fait.
Et puis bon, hein, passer des heures dans un jet privé luxueux avec tous mes plats préférés en direct avec des potes par les webcams et tout... c'était assez bien. Donc pas de quoi se plaindre, n'est-ce pas ? En plus, quand on se fait embrasser de partout pas des... non. Je ne suis pas gay...

Un soupir exaspéré quitta mes lèvres alors que je me laissais lourdement tomber sur une marche d'escalier. Les yeux levés vers le haut, à contempler le plafond, je repensais à mon arrivée dans cet endroit si spécial et étrange où une chose inconnue s'était réveillée en moi. Je me voyais mal l'expliquer à mes parents, d'ailleurs. Déjà qu'ils n'étaient pas fan de mon orientation... je ne suis pas gay. Bref.

Rien qu'en posant mon pied ici, j'avais senti que quelque chose n'allait pas. Je ne m'en étais pas soucié. Pourquoi aurais-je mal réagi ? Bref.
J'avais poliment demandé les clés de ma chambre et tout. J'étais l'un des premiers arrivés. C'était pas la foule ici. C'était le début d'une nouvelle vie sans mes parents. Cette sensation d'être un peu plus indépendant me donnait des ailes. A moins que ce ne fusse que le Red Bull que j'avais ingurgité tout le long de mon trajet.
Bref. L'entrée ne semblait pas si différente de toutes les autres et il semblait n'y avoir personne à part une petite vieille à son comptoir.

Je me présentai poliment alors qu'elle me jetait des regards de pédophiles. Je ne savais pas si je devais rester en la regardant avec mon sourire crispé ou m'enfuir en hurlant. Hum. A la fin de la discussion alors qu'elle me regardait de haut en bas comme si elle allait me sauter dessus pour me violer brutalement, elle me tendit la clé en me caressant bien le dos de la main de ses petits doigts fripés de grand-mère en me disant de "bien faire attention à mon petit corps de jeune gringalet pré-pubère"...
Je ne vous raconte pas le temps qu'il me fallut ensuite pour ne pas exploser et lui crier qu'elle n'était qu'une vieille salope qui méritait de se faire renverser par une voiture.

Etrangement. Car d'habitude, je n'étais pas si facile à énerver. Que se passait-il, bon sang ?