| | Je suis faîtes de la même matière que les rêves. | |
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Jude Pears
Messages : 119 Date d'inscription : 19/05/2012 Age : 28 Localisation : Somewhere only we know :3
Feuille de personnage ♣ Age : 17 ans. ♣ Gène : Humain. ♣ Copain/Copine ? : /
| Sujet: Je suis faîtes de la même matière que les rêves. Lun 30 Juil - 22:12 | |
| Bonjour, bonsoir ! Erika m'a obligé à poster alors voilà !C'est avec grand plaisir que je vous livre mes écrits, plus ou moins longs et de qualité plus ou moins louable. x) Petite chose : Je suis une bille en orthographe et une flemmarde invétérée. Désolée :DD Trois nouvelles achevées : - Traditionnellement vôtre:
La nuit est tombée, et un voile sombre recouvre le ciel alors que je finis de nettoyer la salle de bal. L’odeur de tabac froid envahit mes narines, et bien que j’y sois désormais habitué, cela me parait toujours aussi désagréable. Voilà bientôt dix ans que je sers la même famille, inlassablement et sans protester. Je suis le majordome des Rukya depuis tout ce temps. Rukya… Un nom qui était encore inconnu il y a de cela deux décennies. Ces gens se sont anoblis avec la crise, depuis le retour de la monarchie sur nos terres. Le pays est tombé entre les mains d’un homme avide de pouvoir. Fort intelligent, il avait su manipuler les foules avec une rare finesse. Ma famille elle-même l’avait suivi dans son ascension à la place de Chef Suprême et Unique. Qui aurait cru qu’il aurait, par la même occasion, rétabli cette vielle pratique qu’est le royalisme ? Certes, il nous avait sauvé de la famine et des dettes mais… A quel prix pour nous, gens du peuple ? Maintenant, grand patron d’une industrie multinationale, mon maître ne manque pas d’argent. Au commencement de son triomphe, il engagea mon père au poste que j’occupe actuellement. Celui-ci mourut peu de temps après, et je pris sa place : mon nom lui-même appartient à ces gens. J’ai à peine quinze ans. L’astiquage des sols terminés, je songe à ce qui m‘attend. Ce qui se passera, cette nuit même. Je regarde ma montre. Il est vingt-trois heures et seize minutes. J’ai encore deux bonnes heures avant que toutes les lumières de la demeure ne s’éteignent, et encore deux autres avant d’être certain que Sire Rukya n'ait sombré dans le monde des rêves. Celui-ci avait l’agaçante habitude de consulter ses e-mails avant d’aller dormir, et de suivre ses comptes jusqu’à tard dans la nuit. Son commerce l’importait plus que tout. Plus même que sa famille, que sa propre fille. Petit à petit, mon plan se fait plus réel dans mon esprit. On dirait que je me rends enfin compte de ce qui arrive. Mon destin approche au galop, brides abattues. Un jour, un vieil homme m’avait dit une phrase, une simple phrase. Elle avait bouleversé ma vie, m’avait détourné de ce qu’aurait dû être ma misérable existence. Ces quelques mots m’avaient orienté à chaque instant de ma vie jusqu’à ce jour. L’apogée de ma voie. Dans quelques heures. Je revêt la tenue la plus « traditionnelle » des majordomes. Ce vêtement fait partie des quelques coutumes que le Tyran avait remises au goût du jour. Une coutume qui a traversé les Âges, et qui faisait maintenant intégralement partie des rites de notre peuple. Tout habillé de noir, une sorte de long manteau ouvert sur une chemise étranglée par une cravate pourpre repose sur mes épaules. Une large ceinture lustrée enserre ma fine taille, retenant un pantalon assez moulant retombant impeccablement sur mes chaussures cirées. Pour parfaire mon déguisement qu’on aurait jugé il n’y a pas si longtemps de complètement ridicule, j’enfile des gants de cuir. Voilà qui est fait. Je soupire doucement, portant mes doigts élancés vers mon front. Voilà bien longtemps que je n’ai plus enfilé de sweat, de jeans ou même de t-shirt. Cet accoutrement commence à me peser sur les épaules. Ne puis-je vivre comme ceux de mon âge, en accord avec mon époque ? Je regarde ma montre, une belle montre d’ailleurs, comme on n’en voyait plus. Un contour d'or ouvragé, les aiguilles fuyant une à une, régulièrement. Je ne suis même plus certain que tout le monde sache lire autre chose qu'un cadran numérique. Bref. Plus qu’une demi-heure avant que la demeure ne s’éteigne peu à peu. A jamais, peut-être. Une sonnerie siffle dans l’oreillette. Je porte machinalement la main à mon oreille, chassant un mal invisible. Soupir. De toute manière, il faudrait que je patiente : autant que je m’occupe un peu, et ce en bonne compagnie. C’est Mademoiselle Idylle qui me demande. Son volet électrique est en panne, et il est trop tard pour appeler un technicien. Je m’improvise donc mécanicien, allongé sur le dos à fourrer mes doigts un peu partout dans le boîtier à la recherche du problème. Je fais semblant de ne pas l’entendre parler. Elle est sûrement au téléphone, ce qui est contraire aux ordres de son père. Je ne la dénoncerai pas… A quoi bon ? Elle n’aura bientôt plus à s’en faire… J’aurais presque pu apprécier cette jeune fille de bonne famille si, justement, elle n’était pas de bonne famille. D’une nature plutôt douce, elle n’avait pas l’arrogance de son père, n’ayant hérité de lui que sa prestance. Pour tout le reste, c’était le portrait craché de sa mère. Des cheveux blonds cendrés, des yeux gris ardoise, un nez délicieusement recourbé et des lèvres naturellement roses. Une vraie beauté. Mais un fossé était creusé entre nous deux. Et ce fossé, je le regrettais de toute mon âme. Car, il fallait bien l’avouer, cette demoiselle était tout ce qu’il y avait de plus respectable. Un rayon de soleil. Malheureusement, il n'était pas suffisamment puissant pour balayer les nuages de la Vie. Je finis par trouver ce qui clochait : un câble était sectionné par je ne sais quelle bestiole. Étrange, ceci dit, car il était découpé très nettement. Un sabotage, peut-être. Mais quel intérêt portait-on au fait de casser de manière dérisoire un volet roulant ? Peut-être un homme de main de mon Maître qui n’avait pas les idées bien placées envers ma dame. Je le répare avec un petit morceau de résine spéciale, et les volets se referment sans un bruit, avec une fluidité qu‘on doit aux incroyables progrès technologiques de ces dernières années. Je souhaite une bonne nuit à mademoiselle Idylle et repars. Je regarde pour la troisième fois de la soirée ma montre. Plus qu’une heure. J’allais donc affiler une dernière fois les clés de ma liberté, puis m’envoler. Alors que j’astique calmement le platine, la même phrase raisonne dans mon esprit, tel un Requiem annonçant la mort de quelqu’un. Or, dans mon cas précis, ces paroles psalmodient la fin de ma vie, le commencement de mon existence. La libération de mon âme, l’accomplissement de mon destin. Je suis installé au coin de la cheminée, bien qu’elle ne serve désormais à rien, relique d’une époque dépassée. Les yeux perdus dans les ténèbres de la nuit que j’aperçois par la fenêtre. Un chemin de lampadaires éclaire une voie menant à une obscurité toujours plus profonde. Une ombre furtive passe. Le cadre de lumière qui se reflète dans le gravier de la cour d’entrée s’éteint. Un sourire plein d’espérance étire mes lèvres. Alors comme ça, c’est enfin l’heure…? L’heure d’agir, et de bousculer ma vie dans un autre avenir. Par la force de mes actes. Ma main glisse sur la poignée, sans la moindre hésitation. Sans grincer, la porte tourne sur ses gonds parfaitement huilés. Je m’en suis chargé ce matin même. La pénombre de la chambre laisse à peine entr’apercevoir des ombres indéfinissables, aussi immondes de par leurs formes tordues que les créatures de mes rêves. Je m’approche de l’imposant lit. Une seule et unique bosse, comme à l‘accoutumée. Voilà bien longtemps que Madame ne dort plus dans le lit de son mari. Ils faisaient déjà chambre à part quand j’étais entré à leur service. J'inspire, pour me donner du courage. J’y suis enfin. Plus que quelques gestes répétés mille fois dans ma tête, et je serai libre. Doucement, je sors la dague de son fourreau. Elle étincelle doucement à la lumière blafarde de la lune. Je presse ma main contre l’épaule de mon maître, et celui-ci grogne doucement. Il lui faut quelque secondes avant d’ouvrir les yeux. Le sang bat à mes tempes. L’excitation. L’impatience. Nulle trace de doutes. Son regard encore plein de sommeil me toise, et il gronde d’un air menaçant : « Keril…? - Je suis… Mon propre maître. » Et là, il voit ma dague. A peine a-t-il le temps de commencer à comprendre qu’il ne le peut déjà plus. J’étouffe ses éventuels cris de ma main gauche, et enfonce la lame dans son cœur. Et là, j’attends. Plusieurs minutes, mon arme toujours dans son corps. Et je pleure. De bonheur mêlé à de la tristesse, parce que, malgré tout, je fréquentais mon maître depuis tant d’années. Du soulagement, enfin, et de la peur. Tant de choses contradictoires… Je retire lentement le platine de sa chair. Il y a du sang. Partout. Il est chaud et dégouline pour infecter chaque parcelle de chair et de tissus. L'odeur me donne la nausée. Mais j’ai réussi ma mission. Mes pas résonnent dans le silence tranquille du soir. Les gravillons rosâtres de la cour roulent sous mes semelles. Je suis sur mes gardes, tout en sachant que je ne risque plus rien. Et pourtant, j’entends une voix derrière moi. Une voix que j’ai tant de fois entendue, que j’ai tant de fois désirée. Idylle se joint à moi, attrapant avec délicatesse ma main. Cette même main qui a ôté la vie d’un homme. De son père. Mais… Sa peau est si douce, si délectable. J’en crève d’envie depuis si longtemps. Que faire ? Je monte ses doigts au niveau de ma bouche, les caresse du bout des lèvres, m’enivre de leur senteur exquise. Mon choix est fait . Jamais son père ne lui a porté d’égards. Elle les détestait, lui et son antipathie froide. Je ne l'ai jamais vu lui porter un geste d’amour. Ni même de reconnaissance… Il n'y avait qu'un Empire de Glace entre eux. C’est décidé. Je l’emmène avec moi. Qu’importe ce qu’en dira la Rébellion que je sers avec dévouement, cette Rébellion qui m'a sorti de ma léthargie et de ma souffrance. Aussi sûrement qu'elle est et restera ma Mère, il y a toujours cette phrase qui flotte dans mon esprit. Cette phrase, ces mots qui me portent là où je n’aurais jamais imaginé aller. Je suis le maître de mon destin, le capitaine de mon âme.
Un conte de Noël o/ - Blast:
L'obscurité avait doucement envahi les rues de la petite ville de Auzat. Pourtant, à la lumière vacillante des réverbères, la vie battait son plein. Des passants, emmitouflé dans de lourd manteau, s'activaient, grouillaient, virevoltaient. L'excitation électrisait l'air glacé et les bruits de pas ne faisait que donner un rythme effréné à la soirée. Certains visage était étiré par la fatigue, d'autres par la joie ou encore par l'empressement. Chacun était habité par l'envie de rentrer dans leurs foyer pour fêter dignement ce réveillon de Noël. Les cadeaux de dernière minute avait étaient achetés, les magasins allaient pouvoir fermer leurs porte sous peu. Les gérant, à l'image de leurs client, n'avait qu'une hâte, faire couler l'alcool et la bonne humeur, réchauffer un peu leur corps et leurs coeur au coin de leurs cheminé. Dans une ruelle parallèle au boulevard principal, une ombre patientait à un arrêt de bus. C'était un jeune homme d'une vingtaine d'année, drapé d'une veste en doudoune noire. Sa lourde écharpe lui caché le menton, sans pour autant occulté sa bouche frémissante qui laissait s'échapper des halos de vapeurs. Ses yeux, d'un bleu acide, fixés le sol tandis que ses sourcils froncé faisait naître un plis soucieux en leurs centre. Il avait des cheveux d'un blond platine qui semblait prouver des origines scandinaves, et sa coupe Ducktail lui donner des airs rebelles. Il tenait entre ses mains gantés un sac en papier coloré de petite taille qui devait contenir un présent pour un de ses proches. Des écouteurs étaient vissé dans ses oreilles, et il tapotait du doigt sur son autre main en suivant le rythme soutenu de sa chanson. Elle était sa préférée, il pouvait l'écouter pendant des heures sans se lasser et connaissait les paroles sur le bout des ongles. L'accompagnement à la guitare, pourtant assez violent, l'apaisait. Le garçon releva les yeux lorsqu'il vit les roues immenses du bus s'arrêter devant lui en patinant légèrement. La route était recouverte de givre, et c'était là la cause de son trajet dans les transports en commun. Il n'avait pas pris sa moto, de peur que celle-ci dérape et entraîne sa chute. Il se leva et se plaça en face des portes coulissantes. Lorsque celles-ci s'ouvrirent, il remarqua que le véhicule était bondé, si bien qu'il douta un instant de trouver une place assise. Repoussant cette idée, il monta lestement les marches et paya au chauffeur son ticket. Comme il le présageait, il restait deux sièges libres, l'un à côté d'un garçon pas plus vieux que lui et l'autre à côté d'une demoiselle d'origine asiatique. Il pensa d'abords à s'assoire à côté du jeune, avant de remarquer que celui-ci ne cessé de plonger de son siège pour chahuter avec ses deux amis situé dans l'autre allée. Pour plus de tranquillité, le blond s'installa à côté de la jeune femme aux yeux à peine bridés et à la chevelure corbeau, deux rang plus haut. Elle le regarda à peine quelques secondes avant de se retourner et de coller sa joue contre la vitre. Le garçon au Ducktail avait l'habitude d'attirer les regards surpris, sa coiffure n'étant pas des plus fréquente, certain la qualifié même de ringarde. C'est avec un léger soulagement qu'il se replongea dans l'écoute de sa musique, puissante et insufflateur d'espoir. Elle convenait plutôt bien à un soir d'Hiver glacé, pourtant brisé par les rires intempestif des cascadeurs de derrière. Il songea à monter un peu le son, histoire de cacher ses gènes sonores, avant de renoncer. Il n'avait pas envie de lutter ce soir, il aspirait juste à la tranquillité. Il se laissa couler sur son siège, la tête appuyé sur le côté et ferma les yeux.
Le blond se réveilla en sursaut après avoir senti quelque chose tombé entre ses cuisses après lui lui avoir frappé dans le bras. Les yeux agrandis par la surprise , il fit rouler ses pupilles jusqu'à trouver la chose qui l'avait sournoisement attaqué. Il trouva l'arme du crime qui se trouvait être un iPod, de la quatrième génération lui semblait-il. Le jeune homme remonta le fil jusqu'à sa source, jusqu'au visage rosi de sa voisine. Celle-ci sembla bloquer quelques instant sur le visage de l'agressé, faisant des vas et viens entre le petit appareil et lui. Elle se rendit enfin compte de ce qui s'était passé, et s'écria d'une voix légèrement aigue qu'elle était désolée. Le garçon sourit, trouvant sa moue paniqué plutôt mignonne. Il attrapa du bout des doigts le baladeur et le tendis à la jeune asiatique. Celle-ci saisis précipitamment l'objet en s'excusant une fois encore. Il consulta sa montre, une demi heure avait passé. Il restait encore l'autre moitié du trajet. Quelques minutes passèrent dans un silence relatif, alors que le blond tentait de retrouver le sommeil, sans y parvenir. Les yeux clos, il profita d'une pause dans les ricanements des compères derrière lui pour écouter un peu quel était le genre de musique qui pouvait bien passionner sa voisine. Le son filtrait doucement de ses écouteurs mal isolés. Il ne fut pas déçu lorsqu'il entendis, assez vaguement, les notes de sa chanson favorite. Il se concentra un peu plus, histoire d'être bien sûr, bien qu'il n'en doutait pas un seul instant. Après quelques secondes de réflexions, il décida d'engager la conversation. Après tout, passé le réveillon tout seul, c'était un peu triste.
- Très bon goûts musicaux. - Pardon ? marmonna la jeune femme en retirant un écouteur de son oreille. - Ta chanson, expliqua-t-il en pointant l'appareil du doigt. C'est "Hero" de Skillet, non ? - Oui, c'est ça. Tu... Connais ? - Bien sûr, affirmais-je alors que mon sourire s'agrandissait. C'est tout pile mon style de musique. Ma chanson préféré, même. - Sérieusement ?! Moi aussi ! C'est drôle, les gens que je rencontre n'aime pas vraiment le métal...
Le garçon hocha la tête, son expression réjouie toujours collée à son visage d'ange. Il était content que cette fille soit aussi intéressante. Il s'était trompé sur sa première impression, quand il était monté dans le bus. Ses airs de poupée de porcelaine chinoise, bien proprette, l'avait quelques peu repoussé. Mais maintenant qu'il savait que c'était faux, il avait envie de bâtir une relation avec elle. Son visage, qu'il avait trouvé superficiel, lui paraissait désormais harmonieux, et ses longs cheveux bruns avait, à bien y regarder, des mèches indisciplinées qui donnait un certain genre. Il replace sa mèche blonde bien en arrière avant de reprendre :
- Je m'appelle Sven, et toi ? - Hana. - C'est joli, remarqua-t-il. - Tu ne prend pas souvent ce bus, n'est-ce pas ? (Il devina bien qu'elle changeait de sujet.) Je ne t'ai jamais vu ici, et pourtant je l'empreinte chaque jour. - C'est vrai, je suis un motard en fait. Mais j'ai préféré éviter les accidents. Ce serait bête, le soir de Noël ! - C'est sûr, murmura-t-elle. Mieux vaut rester prudent. (Elle marqua une légère pause.) Donc, tu es au lycée, en fac...? - Au Lycée Constantin Weyer.
Elle le dévisagea quelques secondes, des mèches brunes barrant son regard sombre, dont les paupière occultaient une partie puisqu'elles étaient légèrement plissé. Sven se demanda la raison de cette inspection, songeant qu'elle l'avait peut-être cru plus vieux. Enfin, elle souria légèrement et déclara de sa voix claire :
- Eh bien. Je ne t'ai jamais vu pourtant. Tu es en Terminale ? - C'est ça, confirma-t-il. - Je suis en Première, ça doit être pour ça.
Il hocha la tête en se disant qu'il devrait faire un peu plus attention au monde qui l'entoure. Mais bon, il ne pouvait pas deviner qu'une fille avec une allure somme toute assez banale aimait la bonne musique. Le bus s'arrêta, les portes s'ouvrirent et une goulée d'air froid entra dans l'habitacle. Malgré ses lourds habits, le garçon frissonna. Hana le regardait de ses yeux en amende, étincelant malgré la faible lueur qui provenait de l'unique réverbère au dehors. Il devait se trouvait assez proche de la ville, désormais, même si on pouvait considérer que c'était encore la campagne. D'ailleurs, il s'étonna qu'un arrêt soit situé dans un endroit aussi désert. Des champs à perte de vue. Un homme monta, un lourd manteau beige sur ses épaules robustes. Il avait des cheveux coupé court, poivre et sel, et des lunettes à petites montures sur le haut de nez. Il baissait la tête, mais Sven remarqua tout de même les poches sous ses yeux rouges. Une mauvaise journée, peut-être ? C'était un peu triste. Personne ne méritait d'être malheureux un soir de Noël. L'homme s'assit à la dernière place assise qui restait, c'est à dire à côté du garçon turbulent qui n'avait visiblement cessé de chahuter avec ses amis. Sven se tourna vers sa voisine, son indécrochable sourire pendu aux lèvres. Elle lui sourit à son tour, tripotant doucement son iPod, machinalement. Elle n'avait pas remis ses écouteurs dans ses oreilles, signe qu'elle devait apprécier, au moins un peu, sa compagnie. Ça le rendait heureux. Pourtant, il était plutôt du genre solitaire. Le garçon qui se débrouille toujours seul, qui ne parle à personne. Il avait une exception pour elle, et il n'en était pas déçu. Il passa ses doigts fins dans ses cheveux, pour ramener les mèches qui lui barraient les yeux en arrière. Ce geste ne fut que de courte utilité puisqu'elles retombèrent immédiatement lorsqu'il pencha la tête en avant pour ramasser le petit sac en papier. Il l'avait sûrement fait tomber lorsqu'il s'était endormis, et ne c'en était rendu compte que maintenant.
- C'est un cadeau de Noël de dernière minute, demanda Hana. - Je n'ai pas pu aller le chercher avant, il n'était pas près, expliqua le jeune homme. C'est pour lui que je suis sortis aujourd'hui. - Ca doit être quelqu'un de très proche pour que tu fasses tout ses efforts, remarqua-t-elle en plantant son regard dans le sien. - Exactement, confirma-t-il joyeusement.
Il ne s'en rendit pas compte, mais son visage s'était éclairé en prononçant ses quelques mots. La jeune femme sembla quelque peu perplexe par tant d'enthousiasme, avant de sourire franchement à son tour. Elle se mit à rire doucement, comme de petits gloussement qu'on tente de retenir. Le garçon au Ducktail se demanda ce qui la poussait à réagir comme ça, mais ne se débarrassa pas de sa moue simplement heureuse.
- Tu remercieras cette personne, demanda-t-elle après s'être enfin calmé. - Pourquoi ? - Grâce à elle, mon réveillon a été bien plus agréable que prévu.
Sven souris. Pas ce sourire aimable, ni même railleur. Un sourire simplement gentil, plein de reconnaissance qu'il gardait, justement, pour cette personne. La jeune femme détourna le regard sans rien ajouter, laissant un petit silence s'attarder entre eux. Enfin, ça aurait pu être le cas si les ricanements des jeunes derrières eux avaient cessé. Apparemment, ils avaient trouvé un jeu très drôle qui consistait à enfoncé la capuche des autres profondément sur leur crâne, de sorte qu'il n'ait plus aucune visibilité. L'autre se débattait, le premier à lâcher avait perdu. Celui qui était un peu à l'écart des autres semblait avoir du mal à gagner, et cela l'irritait. Il se mit à quatre pattes sur son siège pour plus de praticité et recommença à enfoncer des capuches. Son compagnon tenta de se dégager avec virulence, tant et si bien qu'ils mirent un coup de coude au nouveau passager. Celui-ci les regarda. Sven eut peur. Ce regard étaient vide, presque opaque, obscurcit par un sentiment violent. Haine, peur ? Peu importe, toujours est-il que c'était terrifiant. Il ne pouvait détacher ses yeux de lui. C'est en silence et sans battre ne serait-ce qu'une fois des cils qu'il le vit enfoncer une main dans la large poche intérieur de son blouson. C'est sans dire un mot qu'il le vit sortir l'engin. Long, d'un noir brillant. Un ancien model, sans doute. C'est avec la bouche grand ouverte mais toujours aussi muette qu'il le vit le tendre dans la direction du jeune accroupit sur son siège. Bruit déchirant. Bourdonnement. Hurlement de panique. Là, juste devant lui. L'homme au regard éteint venait d'abattre à bout portant un jeune homme, un enfant. Le conducteur de bus perdit le contrôle de son véhicule et partie en tête à queue. Hana fut projeter sur Sven, qui se cogna la tête contre le siège devant lui. Sa jeune voisine se mit à pleurer, à sangloter et crier d'une voix suraiguë. Dans l'allé central était étendu le cadavre. L'homme au pistolet se tourna vers eux et brandit à nouveau son arme, dans la direction de l'asiatique, cette fois-ci. Le bus avait arrêté sa longue glissade et était maintenant à l'arrêt. Le fou hurla quelque chose qu'il ne comprit qu'à peine. Il disait à Hana d'arrêter de hurler, mais elle semblait dans un état second. L'ensemble des voyageurs était terrifiés. L'homme aussi. Puis son regard redevint vide. Sans âme. Sven se jeta en avant, sur le tireur. Il savait que s'il ne l'avait pas fait, l'autre aurait tiré sur Hana. Il ne le permettrait pas. Le garçon leva brusquement le bras de l'homme, priant pour qu'il n'ait pas tout ses réflexes enclenché et plus de force physique que lui. Deux coups partirent. Deux trous parfaitement circulaire dans le plafond du bus. L'agresseur réagit tout de suite après, tentant de le repousser. L'autre s'accrocha. Il tentait de lui arracher l'arme des mains, mais il n'y parvenait pas. Il devait faire vite, sinon il serait tué. Leurs lutte ne dura qu'une poignée de secondes, pas assez pour que les passagers, pétrifiés, puissent réagir. Un autre coup partie. Sven chancela en s'écartant de homme. Ce dernier tituba. Une grande tâche rouge s'élargissait dans sa poitrine, pas loin du coeur. Il avait tenter d'abattre le jeune scandinave, mais dans leurs lutte, sa propre balle s'était retourné contre lui. Le blond sentit un poids desserrer son coeur tandis que des soupires de soulagement retentissait un peu partout dans le car. Il avait réussi à protéger cette autre personne qui lui était chère. Il la chercha des yeux. Deux coups partirent, lancinant. Brisant. Le conducteur du bus, le regarda avec des yeux immenses, son téléphone toujours à la main. Avait-il appelé la police ? Sven ne comprit pas tout de suite ce qui se passait. Ce n'est que lorsqu'il s'écroula qu'il se rendit compte de l'horrible douleur qui l'envahissait. Le tireur, avec le peu de vie qui lui restait, lui avait assené de balles. Des cliquetis retentirent à nouveau, mais aucune détonation. Le chargeur était vide. Le jeune homme perdit connaissance sans avoir pu remarquer la présence d'Hana à ses côtés.
Le froid. La mort. Une douleur lancinante qui le prenait à la poitrine. Des voix, lointaines, brumeuse.
- Le coeur est reparti ! Vite, il se vide de son sang, il faut tout de suite l'emmener à l'hôpital ! Et puis, le froid à nouveau. L'obscurité. La douleur. L'incompréhension.
Sven ouvrit les yeux, péniblement. Il souffrait au niveau du ventre et de la tête. Enfin, sa vue devint moins floue. Mais rien ne s'éclaira. Où était-il ? Qu'est-ce que c'était que ces murs blancs ? Pourquoi était-il là ? Il ne se souvenait de rien après avoir décidé de se rendre en ville, le jour de Noël. Que s'était-il passait. Il se gratta les yeux, passa machinalement sa main dans ses cheveux... Enfin, il essaya, mais ne trouva pas leur contacte soyeux. Plutôt quelque chose de granuleux... Une bande ? Il avait la tête bandée ? Quelque chose bougea à sa gauche. Il tourna la tête précipitamment, le coeur battant. Une fille était assise là, ses cheveux noirs à peine coiffé et de larges cernes sous les yeux. Elle semblait être profondément surprise de le voir là. Puis elle sourit. Un sourire adorable qui ne permit pas au jeune homme de calmer son rythme cardiaque. La jeune femme, qui avait apparemment des origines asiatiques, avait les yeux rempli de larmes. Sven devina qu'il aurait du la reconnaître, mais cela lui était impossible. Il avait beau chercher, rien en lui revenait. Il murmura quelques mots, pour lui-même.
- Qui... Est-ce...?
La jeune femme le regarda avec intensité. Elle rabattit rapidement un mèche noire derrière une oreille avant de déclarer, résolue :
- Le médecin a dit que tu aurais peut-être oublié tout ce qui s'est passé. Une amnésie partielle et éphémère. Mais tu aurais quand même pu te souvenir de moi... Mais bon, je suppose que je n'ai pas le droit d'être déçu après tout ce que tu as fais pour moi...
Le garçon voulu répondre, mais sa voix était trop faible. Sa gorge lui fait mal, elle semblait si sèche... L'autre s'en rendit compte et se précipita pour lui donner un grand verre d'eau. Il but à longues goulées, sans s'arrêter jusqu'à avoir fini. Le liquide, frais, étais comme un baume. C'était agréable. Il ferma les yeux un instant, pris d'un vertige. Quand il les rouvrit, il demanda posément :
- Que s'est-il passé ? - Le jour de Noël, tu as pris un bus pour rentrer chez toi. Tu t'es assis à côté de moi, on a un peu discuté. Tu te souviens pas ? Tu sais... Je suis la fille qui aime le Métal.
Sven secoua la tête. C'était le trou noir, il ne parvenait pas à se souvenir. Il devait la croire sur parole. Elle se tut un instant pour le laisser emmagasiné ces informations, puis elle repris.
- Un homme est rentré dans le bus, et... (Elle frissonna.) Il a... Tiré sur un garçon... Tout le monde à paniqué, personne n'a su réagir... Sauf toi. Tu t'es jeté sur lui, tu as réussi à l'arrêter. Tu t'es pris deux balles. L'une dans le ventre, l'autre n'a fait que t'effleurer le crâne. Tu as eu de la chance de ne pas l'avoir reçu en pleine tête... - De la chance, murmura-t-il sans conciction. Pourquoi j'ai fait ça ? - Je... Je ne sais pas, murmura-t-elle. Le tireur nous avait pris pour cible, tu nous as protégé. C'était vraiment très courageux.
Le garçon se gratta le visage. Voilà d'où venait cette étrange sensation lorsqu'il la regardait. Il remarqua qu'elle fuyait son regard avec grande intention. Il ne s'en formalisa pas ; il comprenait qu'elle puisse être troublé par cette situation, lui même l'était. Il sentait qu'il n'avait pas agi pour lui. Non pas que la mémoire lui revenait, au contraire, plus le temps et les explications passée, moins il comprenait. Non. Il avait juste le sentiment que cette fille lui plaisait suffisamment pour qu'il se jette devant les balles. Il changea de sujet avec habilité en demandant :
- Et combien de temps je suis resté inconscient ? - Pendant 3 jours.
Sven planta ses deux yeux bleus glace dans ceux, noirs, de la jeune fille. Il cherchait à savoir si elle plaisantait, si elle mentait. Comment pouvait-il croire quelque chose d'aussi choquant ? Il n'arrivait même pas à se souvenir de son nom. Pendant trois jours ? Cela lui semblait tellement... Impossible. Puis, une image s'imposa à lui. Terrifiante. Un visage d'ange ravagé par la peur et les larmes. Il s'exclama en tentant de se relever de son lit d'hôpital :
- Ma soeur ! Il faut que quelqu'un s'occupe de ma petite soeur ! - Calme toi Sven, lui intima la jeune femme en le repoussant tant bien que mal sur son matelas. Elle est ici, elle est juste sortie pour aller aux toilettes.
Le garçon souffla à fond en tentant de sa calmer. En bougeant, il avait ravivé sa douleurs à l'abdomen. Il avait l'impression qu'on avait déchiré son corps. La souffrance qu'il ressentait était atroce, balayant tout le reste. La jeune femme s'en aperçut et se pencha vers lui. Sous le regard étonné du blond, elle plaça ses petites mains sur sa blessure. Elle avait les doigts très froid, et c'était étonnamment agréable. Il la laissa faire sans rien dire.
- GRAND FRERE !
Les deux adolescent sursautèrent en entendant cette petite voix, et l'asiatique retira ses paumes. Pendant quelques secondes, il fut un peu déçu. Mais c'était avant de voir la bouille, angélique, de sa petite soeur. Hedi. Un sourire éclaira son visage, semblable à celui qu'il avait eut dans le bus, avant la fusillade. La petite fille couru les quelques mètres qui la séparait de son frère et se jeta dans ses bras, sur son lit. Qu'importait la douleur, Sven était heureux. Qu'importait qu'il ne se souviennent pas de cette fille si gentille, qu'importait qu'il se soit fait tiré dessus. Qu'importait, il était toujours là pour protéger sa petite soeur. Il la serra dans ses bras, en tentant de transcrire par ce geste toute l'affection qu'il lui portait. Depuis un an maintenant, il jouait le rôle de père et de mère pour elle. Malgré son jeune âge, il s'était fait émancipé après la mort de sa mère et la condamnation de son père pour crime passionnel. Il avait beau être né dans la mauvaise famille, il ne pouvait pas abandonné sa petite soeur adorée. Jamais. C'était son but dans la vie. Alors pourquoi s'était-il jeté devant un détraqué pour sauver une fille dont il ne se souvenait même pas ? La petite fille s'écarta des bras protecteur de son frère, un grand sourire au visage. Elle avait exactement la même moue que lui, comme l'avait remarqué la jeune asiatique. Celle-ci se tenait un peu à l'écart, laissant ces deux-là se retrouver. Elle s'en voulut un peu d'être soulagé que la "personne chère" à Sven soit son adorable petite soeur. Celui-ci dévisagea l'enfant de la tête au pied, comme pour s'assurer qu'elle était bien réelle. Son regard s'arrêta sur la petite peluche qu'elle serait dans son poing. Un petit lion avec une barrette en forme de coeur dans sa crinière. C'était celle qu'il avait fait faire à la main par une petite boutique. Il était allé la chercher le jour de Noël. Tout lui revint. La recommandation d'Hedi d'être prudent. Le froid. Le bus. La musique. La neige qui avait commencé à tomber au moment précis où le premier coup de feu avait retentit. Hana. Il se tourna vers elle, l'émotion lui tenaillant la gorge. Leurs regards se mêlèrent. Il lui sourit. Elle comprit, il attrapa sa main.
~
Assise sur un banc dans le parc d'Auzat, une femme attendait. Elle était âgé d'une vingtaine d'année, ses cheveux court était noir comme de l'encre et ses yeux était la preuve de ses origines, asiatiques. Son corps maigrichon était prisonnier d'un épais manteau de toile sombre qui assurait aussi le rôle de barrière face au froid polaire qui régnait dans toute la ville depuis maintenant presque un mois. Elle était là, immobile, la tête légèrement penchée en avant. Elle avait l'air inquiète, triste. Une mauvaise journée, peut-être ? Quoi qu'il en soit, elle semblait attendre quelqu'un. Le brouillard était vraiment très épais, tant et si bien qu'elle ne vit pas l'ombre s'approchait à pas de loup derrière elle. Et quand elle lui sauta purement et simplement dessus, elle ne put retenir un cri. Il se transforma rapidement en rire tandis que l'autre s'exclamait :
- Hana, tu m'as pété les tympans !
En disant ses mots, elle souriait elle aussi. Son visage était purement et simplement magnifique. C'était une jeune fille de quinze ou seize ans avec de magnifique cheveux blond platine et des yeux bleus glace qui semblaient être irréels. Son profil était très doux, à la manière d'un ange. La dénommée Hana répondit en riant toujours : - Bien fait pour toi Hedi, ça t'apprendra à me faire peur comme ça. - Ahah, oui, pardon. - Ça fait une éternité qu'on ne s'était pas vu. Tout va bien pour toi ? - Oui, vivre avec des adultes c'est pas si mal finalement. Mon oncle et ma tante s'occupe très bien de moi. - Tu m'étonnes, murmura Hana.
Elle sembla réfléchir pendant quelques secondes, alors que l'autre sautillait sur place pour tenter de se réchauffer. Un silence s'installa, étonnement agréable, presque chaleureux malgré le froid qui semblait gelé le vent. Il ne dura pas une minute avant qui babillement le brise. La jeune asiatique se leva d'un bond, cherchant à voir à travers la brume épaisse. Elle n'eut pas à cherché longtemps avant qu'une silhouette ne se découpe, de plus en plus distinctement. Un sourire éclaire son visage rougit par les morsures de gel tandis qu'elle apercevait en toute clarté les visages des nouveaux venus. C'était un jeune homme tout aussi blond qu'Hedi, arborant une coupe ringarde en Ducktail et un sourire d'ange. Dans ses bras trônait un bambin emmitouflé dans de multiples épaisseurs, son visage cachait par une écharpe et un bonnet de laine. On n'apercevait qu'une petite masse blottit contre le torse de son père et un sourire enfantin. Hana courut les rejoindre et posa un baiser bruyant sur la joue de l'homme :
- Sven ! Tu est en retard, j'étais inquiète ! Même Hedi est arrivée avant toi ! - Merci pour moi, répondis la concernée qui s'était approchée. Bon, j'avoue, j'suis toujours en retard. Mais mon frère et moi, on est pareil. Pas vrai Sven ? - Ah non rien à voir, répondit le blond en riant. Moi je suis en retard parce que Ren a pas arrêté de pleurer et j'ai du m'arrêter pour lui acheté une autre couverture. Mais maintenant, ça va mieux, hein mon bonhomme ?
Le petit tas de tissus bougea un peu, et on entendit un rire un peu étouffé, rapidement rejoint par les trois autres personnes. Quel petit garçon intelligent... La fierté de ses parents. C'était une excellente journée, décidément. Hana attrapa la main de Sven et lui sourit. Ce dernier compris, et donna son enfant à sa petite soeur, qui s'éloigna avec lui. Elle s'assit sur le banc que la jeune asiatique avait occupé pendant de longues minutes d'attente. Celle-ci s'approcha du scandinave, crocheta ses mains à sa nuque et se hissa sur la pointe des pieds.
- Joyeux Noël, Sven. Bon anniversaire de mariage. - Déjà deux ans, murmura-t-il. Et ça ne fait que commencé. Joyeux Noël, honey.
Ils s'embrassèrent, la chaleur de leur lèvres formant un halo de bonheur autour d'eux. La neige se mit à tomber, doucement.
La dernière en date... Une revisite de la notion d'âme sœur sur un fond de fantasy. :3 - Âme Sœur:
L'obscurité. La nuit. Ou peut-être est-ce une lumière, si forte qu'elle m'aveugle. Oui, c'est vrai, mes yeux me font mal. Mais sont-ils ouverts ? Je ne les sens pas. Je ne sens rien, ni matière, ni vent, ni même mon propre corps. Juste le noir. Juste la douleur. Est-ce que j'existe ? Tout s'inverse. Tout tourbillonne. Je le sens. Je sens tout. J'ai l'impression d'être seule. Sauf qu'on m'observe, j'en suis certaine. Des regards sont fichés dans mon cœur. Mais.... Est-ce que j'en ai un ? J'ouvre les yeux. Tout est flou, rien n'est distinct. Pourtant, tout à l'air plus clair. Mon crâne me fait mal, j'ai l'impression d'être tombée dans une tempête d'ombre et d'enfin sortir la tête de ce, de ces cauchemars. Je tente de me redresser avec maintes précautions, maintes manières qui ne me ressemblent pas. Enfin, je pense qu'elles ne me ressemblent pas... Après tout, je n'en sais rien. Je ne sais pas, qui suis-je ? Ma tête ne veut pas tenir droite, comme si elle n'était plus vraiment retenue à ma nuque. C'est affreusement douloureux, mais je continue. Mes poignets me font mal, mais je m'appuie quand même dessus. Les secondes semblent être des heures, mais j'y parviens. Après mille contorsions, je m'assoie. Je suis dans un endroit étrange. La terre est brûlée, aussi sèche que glacée. J'en attrape une poignée, elle glisse comme du sable fin. C'est doux. Mes sens reviennent à la normale. Les couleurs me semblent plus belles, plus vives. Le sol est d'un ocre aux reflets parfois rouges, parfois violets. Le ciel est d'un bleu intense, irréel. Pire. Il scintille. Il semble presque matériel, comme des milliards d'éclats de verre en suspension. Et puis il y a le désert. A perte de vue. Tout cela me parait idiot. Pourquoi faudrait-il qu'il y ait autre chose ? Pourquoi faudrait-il que mon regard s'arrête s’il y avait vraiment quelque chose d'autre ? Des bruits de pas me rappellent que le silence règne. Je me retourne d'un bloc avec une rapidité qui m'étonne. Ils sont là. Deux hommes, côte à côte. Ils me regardent, l'un me sourit. Je sens mon cœur se serrer si fort et si brusquement que je manque d'hurler de douleur. L'homme qui a un visage inexpressif possède des cheveux couleurs platine qui brillent de mille reflets. Il porte un costume blanc et or, et une sorte d'armure de bronze par-dessus, au niveau des bras. Il est grand, immense. Sa peau est pâle, presque transparente, et lisse comme du marbre. Froide. Ses yeux sont ternes, opaques. Aveugles. L'autre est tout le contraire. Il a des yeux dorés brillants, étincelants, époustouflants. Ses cheveux sont rouges, ébouriffés comme s'il sortait d'une rude bataille. Son sourire est chaud, incroyablement rassurant. Sur son front, un symbole complexe luit doucement d'un éclat incandescent. Mais c'est loin d'être la chose la plus incroyable chez lui. Dans son dos, s'étend avec majesté et magnificence une grande aile plumée de noir, soyeux et élégant. Son envergure est immense, bien plus impressionnante qu'un aigle royal. Tout le côté gauche de son corps semble enfermé dans une sorte de camisole de cuir sombre, délicatement décorée de fil d'or et de sang. Des sangles enserrent son torse de manière à ce que la pièce ne bouge pas d'un pouce. Qu'avait-il donc à cacher ainsi ? Et pourquoi mon cœur frémissait à sa vue ? Tout au fond de moi, j'avais l'impression de savoir. D'avoir su. L'homme au regard sans éclat pose une main presque translucide sur l'épaule de celui qui devait être un ange, au moins à moitié, et prononce quelques mots d'une voix basse, profonde. On eut dit qu'elle irradiait de lui. Ses lèvres n'avaient pas frémis. "Alea jacta est." Et il repart. Non, il disparaît plutôt. En un battement de cil, toute trace de sa présence est effacée. Le garçon aux cheveux rouges est toujours là, lui. Il fixe l'endroit où l'homme était il y a encore quelques instants, songeur. Indécis. Puis il reporte son regard ambre sur moi et son sourire réapparaît. Il reste là, en silence, pendant un moment. Plusieurs minutes, quelques secondes. Des heures ? Je ne vois pas le temps passé. Moi aussi, je suis là. En silence. J'ai enfin l'impression d'exister, d'être présente. Et ça fait du bien. Puis il rompt notre liaison que j'oserais presque qualifier d'intime. Doucement, avec légèreté. Il lève la main, lentement. Je la regarde à peine, toujours plongée dans l'océan de ses iris. Il la laisse en suspens quelques secondes, comme s'il avait soudain peur de quelque chose. Puis il se décide, et il choisit. Il me choisit. Avec une délicatesse timide, il pose la main sur ma joue. Ses doigts, si doux, me caressent doucement. Mon cœur est si serré... Il est sur le point d'imploser. Plus que ma peau, j'ai l'impression qu'il m'attrape par le bout de l'âme. Où va-t-il m'emmener ? Et, comme en réponse à mes interrogations que j'aurais crues secrètes, il dit doucement : - Viens... Allons plus loin. Ensemble. Sa voix est parfaite, sans la moindre impureté. Il lâche mon visage, je crois mourir. Puis il attrape ma main, je crois défaillir. Il m'enlève, sans le moindre scrupule.
On marche longtemps, mais pourtant je ne m'ennuie pas un seul instant. Toute mon attention est capturée, aspirée par ce contact chaud dans ma paume ; il presse doucement mes doigts. Plus que sur le plan physique, c'est toute mon âme qui est captive. De lui, de son aura, de son esprit. J'ai l'impression qu'il me possède tout entière... C'est un sentiment réellement troublant. Mon corps ne m'appartient plus. Et le plus étonnant est peut-être que j'en suis ravie. Nos pas soulèvent de la poussière écarlate qui reste en suspension pendant quelques secondes avant de retomber au ralenti. On croirait que la pesanteur n'a plus aucun droit. Peut-être est-ce aussi le cas du Temps ? La Raison ? Ceci expliquerait bien des choses... Le Mi-Ange dévie notre trajectoire. Je le regarde, intriguée par ce changement ; voilà un moment maintenant que nous marchons en ligne droite, sans interruption... Pourquoi ce virement ? Je tourne la tête de l'autre côté, et la voit. Une forme, sombre et floue. Une ombre. J'ai envie de m'approcher, mais je n'arrive pas à me décider. Lâcher cette main, si chaude, ou rester bien à l'abri. Loin. Mon compagnon semble comprendre mon hésitation, il me sourit avec, je crois, une certaine amertume avant de se tourner vers la Chose. Un pas après l'autre, nous avançons. Nous nous rapprochons. Peu à peu, la masse devient plus distincte. Nous sommes à quelques mètres, je lâche un cri. C'est un garçon. Il doit avoir mon âge, pas beaucoup plus vieux que moi. Il se contorsionne sur le sol, le visage déformé par la douleur. Il est tâché d'ocre, et dans son dos repose deux ailes blanches. L'une semble cassée, déchirée. Inutile, un fardeau sans doute. Ses yeux saignent. J'ai un goût âcre dans la bouche. Je crois que je vais vomir... Le garçon qui m'accompagne semble lui aussi secoué à cette vue, il m'entoure de ses bras en regardant à l'opposé. Il faut que je l'aide... Mais je n'y arrive pas. Je n'y parviens pas, à faire ces quelques pas qui nous séparent de lui. L'autre murmure : - Nous ne pouvons rien faire, il faut qu'on continue... Je tourne la tête vers lui, incrédule. Comment pouvons-nous le regarder sans lever le petit doigt ? Ne serait-ce pas... Inhumain ? L'autre semble comprendre mon trouble. Plus encore, on dirait qu'il lit en moi sans le moindre problème. Et j'ai l'impression de faire de même. Je sais qu'il sait quelque chose que j'ignore. Et je sais qu'il va me le dire. Après un silence, il pante son regard d'or dans le mien et ouvre la bouche. Il commence à parler, sa voix m'apaise. Je l'écoute. - Je crois que tu ne te souviens de rien... Ce... Cet homme, sur le sol. Il est comme toi et moi, il y a longtemps. Il est en train de muter pour accéder à cette Arcane... Il perd sa vue pour pouvoir tout voir. Il est en attente de sa moitié, pour qu'il puisse partager un Tout. Je... Je sais, mes explications ne te conviennent pas, j'en suis navré... Je pose ma main sur sa joue. Sa peau est brûlante. Je ne retire pas mes doigts. Il me donne le sentiment de ne pas être perdu Quelque part, sans le moindre souvenir. D'ailleurs, où suis-je réellement ? Je souris doucement et répond : - Ne t'inquiète pas. Je suis sûr que je comprendrai, plus tard. Je l'espère sincèrement. Après un dernier regard vers le garçon aux ailes immaculées, nous reprenons notre chemin. Vers où ?
La terre, sèche et colorée, à peu à peu laissée place à une étendu d’herbe aussi pure et immaculée que la peau d’un nouveau-né. D’une blancheur extrême, absolue, chaleureuse, inquiétante. Celui qui m’Accompagne tourne la tête vers moi, un sourire sur les lèvres. Un sourire léger, qui semble virevolté comme un oisillon. Aussi doux qu’une plume. Ma tête est totalement vide, je ne sens plus rien. Rien que la chaleur de sa paume dans la mienne, l’impression de brûlure lorsqu’il la lâche, l’illusion d’exister lorsqu’il la tient. Son regard d’or liquide semble créer un lien invisible, indivisible. Invincible. Le suis-je ? Ou est-ce déjà trop tard ? La sensation des brins d’herbe sous mes pieds est agréable, comme la caresse d’une brise fraiche alors qu’il fait trop chaud. D’ailleurs, j’ai chaud. Mais c’est bon, tout va bien. Tout ira bien. Enfin, je crois. Peu à peu, je vois la ligne de l’horizon se rapprocher. Peu à peu, je sens mon corps devenir plus léger. Peu à peu, je perds matière. Peu à peu, la sensation du sol disparait. Peu à peu… Seul son Contact perdure. Encore et encore. Nous arrivons sur le Bord. Une falaise. Et le ciel, à l’infini. Nous sommes face à face, ses cheveux rouges volètent innocemment dans un vent éthéré. Les minutes passent. Silence. Son rire muet sonne à mes oreilles. Joie. Nos regards sont liés. Union. Il touche mes lèvres du bout de ses doigts. Tendresse. - Nous y sommes. Il est Temps. Nous nous approchons. Il n’y a plus que quelques centimètres qui nous séparent du Vide. De Tout. Il pose son front contre le mien, avec délicatesse. Je sens la barrière de nos peaux s’évanouir, avec brutalité. Nos âmes se rencontrent, s’entrechoquent, s’étirent, se cherchent, se rejoignent, avec violence. Je ne sais plus exactement qui je suis. Ou plutôt, je comprends que je ne suis pas. Que je n’étais pas. Et je comprends tout. Je connais ses pensées, je connais ses souvenirs, je connais son Âme. Et je connais la mienne. Le noir dans ma tête coule, coule, coule, jusqu’à tomber sur le sol. Le blanc envahit ma tête, suivit d’une nuée de couleur. Tout prend forme. Tout se créer, tout se défait derrière mes yeux, je comprends l’harmonie du monde. Je me sens tomber, ce qui me rappelle que je suis vivante. Ou tout du moins, que j’en ai l’impression. Nous avons basculé dans le vide. J’ouvre la bouche. Cri. Les bras de mon compagnon se resserrent autour de mon corps. Il est calme. Si calme, que cela en est insensé. Insensé, mais rassurant. Je sens chaque muscles de mon corps se détendre avant de s’élancer dans mon dos. Quelque chose semble tirer ma colonne vertébrale à l’extérieur de moi. Libération. Une aile immense, noire comme la suie, s’étend dans mon dos. Et elle se met à battre, tel un cœur. Et nous nous sommes envolés. Nos deux plumages s’élançaient en même temps, vibrants au vent et aux secousses de l’air. Raisonnants à la mélodie dans notre poitrine. Palpitants aux ébats de nos Âmes.
Pendant ce que vous appelez des années, nous avons volé. Simplement, intimement. Sans jamais nous arrêter, sans jamais savoir où on allait. Nous nous laissions porter au gré de nos envies profondes. Nous ne faisions qu’un, partageants étroitement une relation unique, forte. Nous étions indissociables, Là-Haut. Mais je savais que cela ne serait pas éternel. Nous avions l’obligation d’aller Vivre, un jour. Lorsqu’On nous l’ordonnera, nous devrons nous séparer. A ce moment-là, l’un de nous sentirait la moitié de son Âme lui être arrachée avec une violence absolument Inhumaine. Il se sentirait seul, terriblement. Mais il ne serait pas triste. Il Vivrait à son tour. Il fallait juste qu’il attende. Une heure. Un jour. Un mois. Des années, parfois. Mais peu importe combien de temps, il attendra. Nous l’avions déjà subi des centaines de fois. Certes, nous oublierons ce détail une fois dans notre enveloppe charnelle, mais nous savions que nous nous retrouverons. Que ce soit dans nos Vies, ou Ici. Après tout, nous sommes des Âmes Sœurs. Invisible, indivisible. Invincible. Merci de m'avoir lu ! J'accepte avec joie les commentaires et critiques, ne vous gênez pas ! Et si l'envie vous prend de faire la correction... DANS MES BRAS :DD
Dernière édition par Jude Pears le Jeu 2 Aoû - 18:42, édité 1 fois | |
| | | Jude Pears
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Feuille de personnage ♣ Age : 17 ans. ♣ Gène : Humain. ♣ Copain/Copine ? : /
| Sujet: Re: Je suis faîtes de la même matière que les rêves. Lun 30 Juil - 22:13 | |
| Et là, c'est pour les méga courageux. Un histoire qui me tiens assez à cœur et que j'aimerais vraiment, vraiment finir un jour. Siberian Grenadine - Chapitre 1:
Les accords de guitare sifflèrent pendant encore quelques secondes. Le temps resta en suspend, alors que Luck haletait. La partie finale de la chanson était particulièrement éprouvante pour notre batteur, qui n‘était pas du genre à faire les choses à moitié et ce même s‘il ne s‘agissait que de d'une répétition. Je fermais les yeux un instant, m’appuyant sur le pied de mon micro -qui n’était évidemment pas branché. Dave posa sa basse en décrétant qu’il nous fallait une pause. Je ne pouvais qu’approuver, laissant enfin un peu de répits à mes malchanceux voisins. Pas que j’avais beaucoup de considération pour eux, ça non. Ils étaient beaucoup trop malsain pour ça. Ils étaient là, avec leurs sourires mesquin, se faisant passé pour la parfaite petite famille américaine. Mais je savais que c’était faux. Parce que j’avais vu leurs fils, le soir, complètement bourré en train de fumer sur les bancs publiques. Je pouvais le comprendre. Et sa sœur, miss parfaite, la meneuse des cheerleaders#. Et pourtant, qui faisait des choses peu recommandable dans les toilettes, après les matchs ? Ces gens ne valaient pas mieux que nous, les « futurs taulards ». Je m’approchais du baladeur que j’avais posé sur l’établi de mon père, stoppa l’enregistrement en cour avant de glisser les écouteurs dans le pavillon de mes oreilles. Je pressais le petit bouton, et je réécoutais la chanson que nous venions d’interpréter. Quelques minutes passèrent ainsi, moi analysant nos morceau et les autres gars du groupe se reposant dans le petit salon que nous avions installé dans le fin fond du garage. Enfin, petit salon… Trois fauteuils défoncés, une petite table basse vielle comme le monde et un mini-frigo rempli de bière et de soda. Les dernières notes se firent entendre, et je relança un nouvel enregistrement. Je m’approchais des autres, alors que ceux-ci était en train de fumer, avachis sur les cuirs abîmé de nos sièges. Je plaça mes deux mains sur les hanches tout en rouspetant. - Les mecs, j’vous ai déjà dit de pas fumer là. C’est mauvais pour la voix. - No stress, Jess. - Et on fera quoi si je meurt dans dix ans d’un cancer du poumon ? - D’ici là tu seras vielle et fripée, fit malicieusement remarquer John. - Toujours aussi charmant ! Je soupirai, mais n’abandonnait pas. Pour qui me prenez vous, sérieusement ? Je pris alors la bière de Luck et lança son contenu au visage de John. Mon batteur grommela qu’il n’avait pas fini sa canette et que c’était toujours sur lui que ça tombait. Mon guitariste mouillé, quand à lui, regardait sa cigarette qui étais désormais en piteux état. En d’autre terme, infumable. Il se leva donc et décréta que la pause était fini. Je repris la parole, tout en expliquant point par point ce qui me dérangeait dans le morceau que nous venions d’interpréter. - Bon. Luck, tu ne vas toujours pas assez vite dans ton solo de fin. - QUOI ?! - Calme toi, j’y peux rien, c’est comme ça. - Mais j’ai déjà du mal à tenir cette allure, gémi le batteur. - Entraîne toi. - Mais… - Pas de mais, on passe à la suite. Dave, raccorde ta basse, je t’en supplie. Ton mi est tout simplement horrible. - Ok, acquiesça le concerné en se saisissant de son instrument. - John… - Je sais, je suis parfait. - Pas vraiment. Tu étais complètement a côté des temps. Ton enchaînement Couplet-Refrain est naze. Et on va devoir faire une petite modification, je peux pas placer ma voix. Je me tournais vers le rouquin installé sur un tabouret un peu à l’écart. Jeremy y étais installé, tout calme et silencieux qu’il était. Je lui accorda un sourire, avant de déclarer que j’n’avais rien remarqué de spécial pour sa part. Il souria de tout ses dents, me remerciant du regard. J’avais longuement hésité avant de l’accepter dans le groupe. Jeremy n’avais pas spécialement le style que nous recherchions, mais il était tellement doué au piano et à la guitare que j’avais du abdiquer. Et son regard timide avait quelque chose de touchant. Je monta souplement sur le matelas qui nous servait de scène. Tout le monde rejoins son poste, et Luck entrechoqua ses baguettes pour donner le rythme. Je nota avec satisfaction qu’il avait légèrement augmenter le tempo. Et puis le son électrique de la guitare claqua à mes oreilles comme un feu de foret. Je commençai à chanter. Ici fini le monde, ici commence le notre.
J’étais en plein milieu de mon refrain quand la guitare s’est arrêté, suivi à quelques secondes près de la batterie. Je continua a capella pendant un instant, avant d‘éteindre ma voix. Je me tournais, incrédule, vers la grosse sono près de l’entrée du garage. Un jeune homme se tenait à côté, appuyé avec nonchalance contre le petit mur. Pensant que c’était le petit-fils d’un de mes vieux voisins qui réclamait du silence, je grognais : - Qu’est-ce que tu fais ? - Moi ? Rien ! Il semblait outré, roulant de ses yeux noirs. Je soupirais, avant de remarquer que mon horloge numérique ne marchait plus. Une coupure de courant, certainement. Je soupirai, et lançais aux autres gars d’aller voir ce qui se passait. De toute manière, notre répétition touchait à sa fin. Je reposai mon regard vers l’intrus. Je m’arma de mon sourire poli de jeune fille bien élevé qui tranchait avec mon look plus ou moins… Peu recommandé, disons. J’étais née de bonne famille, issue de la haute bourgeoisie, ne l’oublions pas. - Monsieur, pourrais-je savoir les raisons de votre présence ? Je prenais des pincettes. Si ça se trouve, c’était un patient psychopathe de ma mère. Autant ne pas prendre de risque, n’est-ce pas ? Le possible-fou n’avait cependant pas l’air mentalement dérangé. Il portait une chemise blanche classique et un jean bleu délavé. Très sobre. Une peau mate et des cheveux très sombre, aux reflets dorés. Ses yeux noirs d'encre, absolu, me fixaient. Pire. Ils me dévisageait. Pas très poli pour un fils de riche. Je ne me détachait pas de ma politesse irréprochable, mais je sentis mes sourcils se froncer. Le jeune homme, car il ne devait pas être tellement plus âgés que moi, fini par enfin me répondre. - C’est évident, non ? Je roulais des yeux. Je n’avais pas vraiment envie de jouer aux devinettes, là tout de suite. - Pas vraiment. Il entra dans le garage, sans autorisation bien sûr. Son regard fureta un peu partout, glissant sur la scène avant de marquer une pause vers l’établi de mon père. Il s’y avança. Il avait vraiment de grande jambe. L’inconnu posa sa main sur mon étui à guitare. Je sentis ma mâchoire se crisper et mon cou rentré légèrement dans mes épaules. Tranquillement, il ouvrit les attaches et s’empara de l’instrument qui trônait à l’intérieur. Elle était d’un noir laqué, parcouru de sortes de fissure rose, et possédait deux micros, quelques boutons et un levier de vibrato. Une très belle guitare électrique. Ses grandes mains la parcoururent, avant de pincer délicatement les cordes. C’en était trop. En trois pas, j’étais à côté de lui, et la récupérait avec brutalité. Le jeune homme baissa les yeux sur moi, vaguement surpris. En fait, il n’y avait pas que ses jambes qui était grandes. Il était immense. Il me dépassait de quoi… Trente centimètres ? A peu près, oui. Je baissais les yeux à mon tour, et m’éloignais. Quand mon regard repris constance, je me tourna vers lui, prête à exiger son départ. Mais John intervint, me prenant de court. - Hé, qu’est-ce que tu viens faire ici ? Son agressivité naturel avait pris le dessus. En temps normal, je l’aurais tout de suite calmé, mais j’étais d’accord avec lui. J’ étais encore et surtout secoué par le fait que l’intrus est touché Sa guitare. Personne ne pouvait la toucher à part moi. Le métisse ne se démonta pas. Il haussa les épaules, tout en m’observant. - Je vous est entendu. Je suis guitariste, vous savez. - Le groupe est déjà au complet, intervenais-je en tentant de contrôler ma voix tremblotante. Il plissa les yeux. Attendit quelques secondes, avant de tourner les talons et s’éloigner. - Je reviendrais vous écouter. Ses mots eurent l’impact d’une promesse pas franchement désirée. Je serais la guitare contre moi, et Dave posa sa main sur mon épaule, compatissant. Je me dégageais, et rangea avec milles précautions le précieux instrument dans son étui. - On arrête là pour aujourd’hui.
Il tint sa promesse. Pas complètement fou, il attendit quelques jours. Deux semaines en tout et pour tout. Il réapparu un jeudi, en tout début d’après midi. J’avais décidé de l’ignorer et je dois avouer qu’il me facilita la tache. Il restais immobile, appuyé sur le mur, en nous observant. Sa présence perturba un peu nos répétitions aux débuts, mais nous avons finis par nous y faire. Ca aurait pu durer jusqu’à la fin des vacances d’été si l’Incruste, comme on l’appelait désormais entre nous, ne m’avait pas critiquer. Pas méchamment, bien sûr. Mais j’étais très susceptible ces deux dernières années. Un rien me faisait craquer. Ce qui ne manqua pas d’arriver. - T’a un problème ? Lui, sembla surpris. - Non, je dis juste que… - Je t’ai rien demander. Luck me lança un regard exaspéré, avant de se lever et de s’installer dans le salon. Il fut imiter par John et Dave, alors que Jeremy était parti couper l’enregistrement. - Mais… Calme toi, c’était juste un conseil…! - Peu importe, on supporte ta présence depuis suffisamment longtemps. - Tu m’en veux d’avoir toucher ta guitare ? Je sentis le rouge envahir mon visage. Mais, malheureusement pour lui, pas de honte. - Ce n’est pas ma guitare. - Alors, quoi ? - Dégage. Dégage ! Mon guitariste se leva et s’approcha du métisse, se montrant menaçant. Bien que John soit plus petit que lui, l’autre recula. Il secoua la tête, et leva les mains en l’air en signe de soumission. - C’est bon, pas besoin de s’énerver. Il se retourna, traversa la pelouse et monta dans une voiture noire, à l’arrière. Avant de partir, il descendit la vitre teinté et passa son visage tanné par l’encadrement. - Tu as une jolie voix, c’est dommage de trop forcé. Et il parti, accompagné d’une ribambelle de jurons provenant de l’ensemble du groupe. Tellement vulgairement que la petite grand-mère d’en face qui arrosait tranquillement ses fleurs nous regarda d’un air outré et rentra chez elle en claquant la porte. Un silence pesa pendant un peu plus d’une minute. Les autres gars s’était tous rapprocher de moi, formant une sorte d’halo protecteur. On se connaissait depuis un peu moins de dix,ans et nous avions toujours était très proche. J’avais même partager mes années couche-culotte avec Dave. C’était mon meilleur ami, il me comprenait parfaitement. Il y a deux ans, mon bassiste avait tenté de boucher le trou dans mon cœur, de me remettre le pied à l’étrier. Il avait fallut du temps, mais il y étais parvenu. Bien sûr, je ne L’avais jamais oublié. Surtout pas ce mois-ci. Luck souffla comme un bœuf furieux. - Ce gars est trop chiant. Il nous a pourri l’ambiance. - Un salaud, confirma John. Je me suis retenu de peu de lui en foutre une. - T’aurais du, cracha mon batteur. - Ouais, j’y penserais la prochaine fois. Vous avez vu sa caisse ? Il se faisait conduire. C’était peut-être un fils de producteur ? - On s’en fiche, soupirais-je. Je bosserai pas avec un type comme ça. - Tu lui a pas pardonné d’avoir touché la guitare de Mel, risqua Dave. Je ne répondis pas. Tout le monde connaissait la réponse. J’esquivai donc en leurs proposant d’aller manger un morceau à la brasserie Approbation générale.
- Chapitre 2:
Dans la rue, les gens s'écartaient toujours de nous. Parfois, même, ils changeaient de trottoir. Il était vrai que nous faisions un peu peur. Une bande au look souvent décalé , une fille au regard de tueur entourée par des mecs à l'air pas franchement sobre, ça foutait la pétoche aux habitants de notre quartier tranquille. Nous entrèrent dans un petit café nommé "Le Sibérien". Le patron était russe et s'était installé en Amérique après avoir rencontré celle qui deviendra sa femme, après une correspondance inter continentale. Les gérants était plutôt sympa et ouvert d'esprit. C'était les seuls commerçant qui nous autoriser à venir -très- souvent dans leurs battisse. A mon avis, ils ne s'était pas fait que des amis avec nous comme client régulier, mais peu semblait leur importer. Dave partis trouver une table libre, en extérieur pour que mes imbéciles de partenaire puissent fumer, alors que Luck, qui avait emporter ses baguettes de batteur, s'amusait à jouer sur le bords du comptoir. Accompagné par John et Jeremy, je saluais le serveur. Celui -ci, un peu snob, nous adressa un léger signe de tête. Je soupirais en voyant mon guitariste se crisper tout en préparant une insulte bien placé. Je modérais ses ardeurs en mettant fin à la conversation. J'attrapais le bras de Luck, arrêtant ainsi son manège rythmé. En m'éloignant, flanquée des trois gaillards, je commandais cinq Siberian Grenadine. Ces cocktail était surtout composé de sirop de grenadine, d'où ils tiraient leur nom, mélangé à un ou plusieurs alcool. Je ne m'étais jamais demander quoi précisément, le principal étant que ce n'était pas trop fort et très frais. En fait, ils avaient pas le droit de nous vendre ça à la base puisqu'on avait pas 21 ans. Mais la fausse carte d'identité de John nous ouvrait pas mal de porte. Je repérais, perdu au milieux des visages anonymes et désapprobateurs, les dreads de Dave, confortablement installé sur une chaise. Le bougre avait déjà rallumer une clope, et la fumée voletait doucement au bout du bâtonnet ardent... Elle entouré son visage comme un halo trouble. Nous jouions un peu des coudes pour nous frayé un chemin parmi les sièges et nous prenions place à son côté.
- Le service est un peu long, aujourd'hui, fis remarqué Luck. - Tu parles, on est arrivé y'a à peine cinq minutes, remarquais-je. - Neuf minutes, précisément. En prononçant ces mots, John tapota sa cigarette pour la dégagé de ses cendres. J'avais toujours refusé de fumer ne serais-ce qu'une seule de ces saletés. Pourquoi, me direz vous ? Moi qui n'est pas si stricte sur l'alcool et les produits illicites ? C'est bien simple. Je me suis jurée que je deviendrais chanteuse. On m'a souvent dit que ma voix était un miracle du ciel, hors de question que je l'abîme avec ces conneries. Quand j'étais petite, mes parents me faisait chanter le soir de Noël. En fait, ma mère chante très bien aussi, elle voulait devenir une star. Mais au lycée, elle a rencontré mon père. Ils se sont mariés, et elle a renoncé. Pas parce qu'il lui a demandé, ça non. Mon père est un ange, il est très conciliant. Quand je lui ai demandé la raison de son abandon, elle reste évasive. En tout cas, maintenant elle est psychiatre. Elle soigne les fous. D'ailleurs, c'est bizarre de se faire analyser dès qu'on dit quelque chose à sa mère. Du coup, ça fait bien longtemps que j'évite de me confier à elle. Dave me tira de mes pensée : - Hé, Jesse, regarde qui voilà. Tiens, je perçu dans sa voix une sorte d'agacement. C'était rare de la part de mon bassiste qui était, d'habitude, sympathique avec n'importe qui. J'avais tendance à trouver qu'il était trop ouvert aux autres. Je cherchais du regard le sujet de son intention, qui ne tarda toute fois pas à montrer le bout de son nez. L'Incruste lui-même, quelle chance. Il arriva à notre niveau, tout sourire avant de nous demander s'il pouvait s'asseoir. - Trouve toi une autre place, cracha John. Déjà, ses mains s'était refermé sur la toile sombre de son Jean's. Il tentait de se maîtriser, et ça ne terminerait pas en baston générale. C'était déjà ça. - Moi je veux bien, susurra l'Inconnue. Mais y'a plus vraiment de place, et je suis nouveau par ici. Je ne connais personne à part vous. - Tu ne nous connais pas, précisais-je. - Faux. Je sais que tu t'appelles Jesse, que tu chantes bien, que tes amis sont de vrais gorilles protecteurs et que... - Roh, c'est bon, on va pas y passé la journée, grommela Luck. Installe toi et qu'on en parle plus. Je lui lança un regard de tueur. Depuis quand mon batteur prenait part aux décisions de groupes ? Sans demander son reste, l'Incruste tira une chaise et se plaça entre moi et Dave. C'était la première fois que je pouvais l'observer avec précision. Etrangement , il avait un profil très doux. Sa peau mate prenait des teintes dorées et ses yeux était d'un noir absolu. Comme de l'encre. Ces mêmes yeux qui se tournèrent vers moi en souriant. Un très beau sourire, d'ailleurs. Je sautais sur mes jambes. Jeremy rattrapa mon siège qui avait basculé sous mon bond brusque. Je bredouillais des excuses, avant de tourner les talons et de m'enfuir entre le labyrinthes de gens. John, mettant sa main en porte-voix, me demanda où j'allais comme ça. Distraitement, j'expliquais que j'avais enfin repéré le patron du Sibérien.
- Jesse tu vas être contente. Cet homme à la barbe hirsute qui se tiens derrière le comptoir, c'est le patron du bar. Celui dont je vous parlez tout à l'heure, le Russe. J'incline la tête, mes cheveux blond retombe devant mes yeux. - Ah oui ? - J'ai réussi à décider ma femme. Elle accepte de faire des soirées en musique, les samedis. Vu que c'est les vacances d'été et qu'il n'y a pas grand chose dans le coin, ça attirera sans doutes des jeunes. Tu sais ce que ça veux dire ? Mon coeur s'emballa. Evidemment que je savais ce que ça voulait dire. Je ne pu retenir un frisson d'excitation et de plaisir, ce qui arracha un rire rauque à celui qui tenait les clés de ma futur carrière. - Oui, c'est ça, s'exclama-t-il joyeusement. Depuis le temps que tu me tannes pour ça. Vous jouerez tout les samedis soir. Vous ne serez sans doutes pas les seules à jouer, on compte inviter d'autres amateurs et sans doutes des pros, mais c'est déjà mieux que rien, non ? C'était bien mieux que rien. C'était parfait. Je tournais les talons en un mouvement énergique mais n'eut pas le temps de faire plus de deux pas quand la voix du Russe arriva à mes oreilles : - Et... Pour le nom du groupe ? C’est pour les programmes, tu vois... Je m'arrêtais dans mon élan, coupée net. Le nom, hein ? Je revis ses yeux bleus lagon, ses cheveux brun et son sourire moqueur. Son rire aussi pure que du cristal. Je tournais légèrement la tête, sans oser regarder mon interlocuteur, et répondis d'une voix un peu frêle : - Siberian Grenadine... Comme depuis le commencement.
Je revins machinalement vers notre table, trop perdue dans mes pensées pour remarquer que l'Incruste y était toujours. Je ne m'en rendis compte que lorsque je m'étais assis sur ma chaise et avait ramené les genoux sous mon menton. Tout ces regards masculin était planté sur moi comme de petites aiguilles. Ils étaient tous intrigués par ma mine songeuse, pourtant loin d'être inhabituelle. Je préservais quelques secondes de silence avant d'annoncé avec un désintérêt qui était loin d'être réel que nous allions -enfin- jouer devant un vrai publique. Mon effet théâtrale était réussis, puisque les gars mirent un moment à comprendre. Bombe. Luck, d'habitude si flemmard et fataliste, faisait hurler ses baguettes à une vitesse ahurissante. John et Dave faisait leurs danse de la victoire qui consister à frapper leurs torses respectifs l'un contre l'autre. Vous savez, ce truc débile que tout les mecs en manque de virilité font. Jeremy applaudissait doucement, un sourire franc -à la limite de la niaiserie- éclairant son visage parsemé de tâche de rousseur. Quand à l'Incruste, il semblait trouver la situation tout à fait cocasse, ce que je ne pouvez que comprendre. Pourtant, le regard qu'il me porta était loin d'être moqueur. Brillant. Incisif. Que cherchait-il ? Avait-il perçu le malaise qui m'avais accompagné alors que mes meilleurs amis n'y avait vu que du feu ? Du feu et des étoiles. Autrefois, ils m'avaient souvent comparée à une comète. J'avais perdu mon éclat et mon Ombre il y a de cela deux ans. Mais ça, le métisse ne pouvait que l'ignorer. Mon bassiste, Dave, repris la parole. L'impatience perçait dans sa voix rauque. - C'est sûr, à 100%, aucuns doutes ? - Pas le moindre, soufflais-je. - Jesse, sérieux, tu gères. Heureusement que t'es là, le Russe aurait jamais accepté sans toi. Je souris, sans démentir pour la simple et bonne raison que c'était vrai. La fausse modestie était pire que l'hypocrisie ou l'arrogance. Je faisait tourné la paille dans mon verre, pas vraiment pressée de le boire. De toute manière, même parce ce grand soleil et cette chaleur, il resterait frais et revigorant. Luck pris la parole. Sa voix, à lui, était sèche et basse. Elle tombé comme une pierre. - Bon alors, dis-nous en plus. - Des soirées seront organisé tout les samedis, un peu comme un cabaret. On jouera à ce moment là, mais va falloir assurer les mecs, on sera pas seul. Des amateurs, et surtout des pros. Ce qui veux dire qu'on a des chances d'être remarqué si on se débrouille bien. Il reste 5 Samedis avant la rentrée, 5 représentations, 5 chances. On a tout intérêt à les saisir. Tout le monde acquiesça. Un silence pris place. Pas un silence terrifié, ni un silence gêné. Juste concentrés. Nous pensions tous à notre avenir. John et Luck n'avait jamais étais de gros travailleurs. De tous les garçons, c'était eux qui avait le plus à perdre, le plus à gagner. Dave, quant à lui, était intelligent. Son avenir, quoiqu'il arrive serait à la hauteur de son grand coeur. Jeremy, lui, n'avait pas besoin de nous pour se faire un nom. Son talent au piano était renommé dans toute la région et il obtiendrait sans nul doute une bourse d'étude. Et moi, me direz-vous ? Je n'avais jamais envisagé autre chose qu'une carrière musicale. J'avais une vielle promesse à tenir, un souvenir à honoré et une culpabilité infinie dans mon sillage. Ma détermination n'avait plus de limites. - Au fait, je m'appelle Gaël. C'était l'Incruste qui avait parlé. Il me regardé, et les autres ne soulevèrent pas. Sans doute avaient-ils parlé pendant mon absence. Je lui souriais en tentant de passer outre la première -mauvaise- impression qu'il m'avait faîtes. - Moi c'est Jesse. Ses yeux noirs se plissèrent un peu, son sourire s'élargit à son tour. - Oui, je sais. Je détournais mon intention. J'attrapais mon verra avec délicatesse et le porta à mes lèvres. Le liquide coula en moi, me rappelant avec violence tout les souvenirs qu'il enfermait. Mellie.
Je frottais vigoureusement mon crâne avec ma serviette-éponge. Mes cheveux, mouillés, tournés au blond foncé. Je sortais à peine d'une douche fraîche ayant pour principal but d'éloigner mes idées noires. Ce n'était qu'une illusion, bien sûr, mais parfois cela suffisait à m'apporter un peu de sérénité. J'enfilais rapidement un débardeur noir que mon père aurait jugé trop moulant, ainsi qu'un short en Jeans, puis sortais de la salle de bain, pieds nue et encore trempée. Le parquet était très propre, sans un gramme de poussière. Un des nombreux avantages d'avoir des parents riches : se payer une excellente femme de ménage. Entre autre. J'entrais dans ma chambre en jetant un coup d'oeil à mon réveil électronique. L'après-midi était déjà bien avancé puisque qu'il était 17h30. Je m'approchais me mon lit et m'y étalait de tout mon long. Ce n'était pas vraiment élégant, et ma mère m'aurait sans doute expliqué que ce simple geste en disait long sur mon état d'esprit actuel. Elle dirait que c'est une preuve que je ne me remets pas des événements vieux d'il y a deux ans, et que je n'aurais pas du abandonner mon psy. Solidarité professionnel, sans doutes. Il n'y avait pourtant pas besoin d'un diplôme pour savoir que je ne guérirais jamais. Une partie de moi était morte et enterrée, voilà tout. Mon portable sonna. Je roulais sur le côté, un peu trop puisque je basculais dans le vide, me retenant à ma couette qui fut d'un bien maigre secours. Je tombais dans un bruit sourd et pestais bruyamment. Je me relevais, les épaules douloureuses, et me jetais sur mon téléphone juste avant que le solo de guitare ne s'arrête. Je portais le petit appareil à mon oreille, en prenant soin de ne pas toucher mes cheveux humide. La voix granulée de Dave s'échappa. - Jesse, c'est moi. - Tout va comme tu veux ? Je connais ce garçon depuis suffisamment longtemps pour percevoir chacune de ses expression, de ses sentiments. Sa voix était légèrement tendu, comme retenu par un fil invisible. C'était signe qu'il était un peu embarrassé, qui hésitait à m'avouer quelque chose. Je voyais très clairement dans ma tête son visage, les yeux fuyant mon regard et les lèvres légèrement pincés. Après un court silence, mon bassiste me répondit : - En fait, j'ai peur qu'on ai fait un truc qui te plaise pas... Je soupirais. Et voilà. Je maugréais intérieurement, maudissant mes stupides partenaires. Qu'avais-je fait pour mériter des imbéciles pareil ? Ils ne pouvaient pas s'empêcher d'enchaîner les gaffes, de faire des conneries toutes plus invraisemblable les une que les autre. - Laisse moi deviner, vous avez encore voler le petit singe noir du zoo ? - T'abuses, tu sais très bien que ce pauvre innocent est maltraité, enfermé dans une cage trop étroite pour lui... Mal nourris en plus ! Sans oublier que... - Abrège. - Oui, pardon. Nan, on est pas allé au zoo, sauf qu'après ton départ, on a discuté un peu avec l'Incruste, euh, Gaël. - Celui à qui je voulais mettre la raclée de sa vie l'autre fois ? CE Gaël ? - Oui, celui-là, bredouilla Dave. - Je vois. Vous l'avez drogué puis tabassé et il ne se réveille pas ? Parce que si c'est ça, je ne compte pas vous engueulez... Je ne dirais rien à la police, promis ! - Sois sérieuse deux minutes... - J'arrête. Raconte. - Ben, on a pas mal papoté et... - Qui utilise encore le mot "papoté" ? Je l'entendis soupirer avant même qu'il le fasse. Ses réactions étaient tellement prévisible : le faire enrager était d'une facilité impressionnante qui en faisait perdre tout intérêt. Sauf pour moi. - Moi je l'utilise. Je peux continuer ? - Oui. - On parlait tous ensemble et le courant est bien passé. C'est un gars sympa en fin de compte. Son père est dans le milieu musicale, et lui-même veux devenir producteur de disque. Il est en année sabbatique, il a fini le lycée l'année dernière. - Donc il a deux ans de plus ? - Oui. Bref, de fil en aiguille, on a fini par lui proposer de venir assister à nos répétitions... Et puis... En fait, c'est un peu comme notre manager. Je m'allongeais sur mon lit, yeux fermés et mâchoire crispée. Comment pouvait-ils être aussi bêtes ? C'était encore pire que ce que je pensais. Bêtes, et égoïste. Ma voix tremblée lorsque je répondis : - Tu ne crois pas que c'est une décision qu'on aurait du prendre tous ensemble ? On est un groupe ou pas ? - Justement, tout le monde était d'accord... On avait la majorité. Bête mais pas aveugle. Je devais admettre qu'il n'avait pas tort. Aussi, je m'avouais vaincu... Pour cette manche. Ce Gaël ne prendrait certainement pas les reines du groupes, ne déciderait ni de la musique ni des chansons. Je coupais court à la conversation en décrétant que j'allais à la salle de gym. Tout en pressant le petit bouton rouge -et ce sans attendre sa réponse-, je secouais la tête. Mes cheveux voltigés en entourant mon visage comme une auréole. Mais je n'avais rien d'angélique. L'ange, c'était Mel, pas moi.
- Chapitre 3:
Geste précis, gracieux, lent. Petit saut pour se mettre en jambes. Pas mesurés, plus harmonieux que ceux d'une danseuse classique. Je ferme les yeux un instant, j'oublie tout. Je revois tout. Ses yeux bleux, son sourire. J'entends sa voix murmuré au creux de mon coeur, bien caché dans les fissures de mon âme. Mes longs cils se relèvent, mes paupières s'entrouvrent. La lumière fuse. Mon corps se bascule, se réceptionne sur une seul de mes poignets. Il ne cède pas, supporte le poids de ma musculature comme celui de ma culpabilité. Il résiste. Mon centre de gravité change, tourbillonne avant de retrouver un équilibre précieux. Je tend les bras, je sens les regards envieux de quelques filles qui tentent elle aussi de reproduire mes gestes. Ces filles, je les côtoies depuis tellement longtemps sans avoir quitter un rassurant anonymat. Il y a deux ans, j'avais vu dans leurs regards de la pitié. Si peu, si fausse. Quelques embrassades hypocrite, des mots creux se voulant réconfortants. Puis, l'incompréhension, le dégoût, l'indifférence... L'envie, ah, l'envie. Sont-elles toutes plus sottes les unes que les autres ? Qui donc peut être jaloux de ma situation et de ma douleur ? A moins qu'elle soit si peu visible à ceux qui ne me connaisse pas. A ceux qui ne veulent pas me connaître, et qui ne veulent pas plus percevoir ma peine. Il parait que j'ai une souplesse incroyable, et une grâce innée qui se forgea au cours de mes années d'apprentissage, aussi bien sur une poutre que dans les soirées ennuyeuses, corvées obligatoires pour une fille de bonne famille. La gymnastique. J'ai longtemps hésité avant de me remettre à pratiquer. Doutes inutiles. Dès que Dave m'avait poussé vers la porte du gymnase, je m'y étais engouffré. Je repris mes appuies, baissant avec ampleur mes bras. Je virevoltais, chassant mes problèmes et mes souvenirs à coup de saut périlleux. • Je le sens dans mon dos. Sur ma nuque. Si elle me voyait, elle me ferait son sourire admiratif, ampli de douceur. Elle me manque.
- Chapitre 4:
Luck entrechoque ses baguettes en secouant un peu la tête. Son crâne rasé luie doucement à la lumière malpropre de mon garage. John secoue la tête, attrapant le rythme avec délicatesse, comme s'il attrapait un papillon. Ses mèches châtains se soulèvent par intermittence, alors que sa main jaillit avec brutalité, griffant les cordes. Il leurs arrachent un son incomparable, un cri qui viens du coeur de la guitare elle-même. Quant à Dave, sa basse grise et noire produit un son du tonnerre qui donne une réelle amplitude à la musique. Il a un don pour animer son instrument et le faire vivre comme une personne vivante et entière. De nous tous, c'était celui qui pratique depuis le plus longtemps. Ensuite venait Jeremy, le petit rouquin aussi discret que timide, qui pourtant avait une réelle prestance sur scène. Sa guitare sonnait moins que celle de John, elle était plus douce et plus profonde, à demi chemin entre lui et la basse de mon meilleur ami Dave. Les notes étaient en suspension dans l'air saturé du petit garage. Ce garçon avait le grand avantage de savoir jouer, en plus de sa gratte, du piano. Ce dernier était très utile sur certaine de mes composition, les balades et autres chansons qui avait besoin de sensibilité et d'émotion décuplées. Et puis il y a moi. La chanteuse, le "coeur" du groupe comme on dit. C'est mon rôle d'exprimer avec des mots ce que la musique ressent, de jouer avec ma voix comme avec une batterie, un violon ou une trompette. J'écris aussi les chansons du groupe et compose la plupart des accompagnement ave l'aide de Dave et parfois de Jeremy. Cette chanson, là, que j'interprète à ce moment même, s'appelle "House of Cards" et parle de désillusion, de jalousie et de société décevante. Comme la plupart de mes chansons ; la tristesse est un thème récurant chez moi. Pourtant, peut-on réellement dire que je suis malheureuse ? J'ai une famille aimante, des amis géniaux quand ils veulent, une rêve à poursuivre et surtout, j'ai la musique. Mais non, je ne suis pas heureuse. Je ne pourrais plus jamais l'être, pas tant que je ne l'aurais pas revue. Je me penche en avant, mes cheveux blonds cendrés fouettes mes joues pâles tandis que j'articule les dernière paroles. Je me laisse aller sur le micro tandis que les notes finales fuse et clôture la chanson de manière magistrale. Je souris malgré moi, malgré ma lassitude. J'aurais beau me plaindre, je ne me sens jamais aussi bien que lorsque je constate que notre groupe a énormément progressé. J'ai réussi à avancer, sans elle. Tout le monde réclame une pause, que je leurs accorde sans hésitation. Le concert à beau être dans quelques jours, la chaleurs est étouffante et la fatigue se fait largement sentir. Comme à mon habitude, je compte réécouter les morceaux et traquer les défauts un à un. Il parait qu'à l'approche de Samedi, je deviens tyrannique... Je ne m'en rend pas compte, en tout cas. J'arrête l'enregistrement, navigue rapidement pour le retrouver, et l'enclenche. Je porte les écouteurs à mes oreilles lorsqu'une main se pose sur mon bras, arrêtant mon geste. Je tourne la tête. "Jesse, faut qu'on choisisse les morceaux que nous jouerons ce Week-End." Ce "nous' m'exaspère, autant que la voix mielleuse et douce de Gaël. Ce type est toujours là, dans l'ombre, et surgit dès que l'envie lui prend. Pourtant, je ne peux pas l'envoyer balader. J'ai promis à Dave de faire un effort. Je souris, avec une légère crispation, et j'éteints mon MP3. On va se mettre dans un coin, sur deux tabourets près de l'établis. Ses cheveux noirs cache une partie de son visage mais cela n'empêche pas ses yeux de briller. Il tapote des feuilles du doigt et dis : "J'ai retenu ces partitions, mais je voudrais ton avis. En plus, il va falloir en garder cinq, six, pas plus." J'hochais la tête et observais sa présélection. Je devais l'admettre, il avait un certain goût et un jugement plutôt sur : la plupart de ces morceaux était ceux que l'on jouait le plus souvent. J'acquiesçait une nouvelle fois, assez satisfaite. Mon sang ne fit qu'un tour. Au milieu de plusieurs titres était perdu... Je me mordis impulsivement la lèvre. Gaël sembla se rendre compte de mon désarroi et suivit mon regard, mon doigt encore appuyé contre l'encre noire... Il lut à voix haute : - "Ange et démon". Qu'est-ce que ça signifie ? C'est une autre langue ou c'est des mots inventé ? # - C'est du français... - Ah ? C'est pour ça que je n'ai compris aucune parole. Tu parles couramment ? - Je l'ai pratiqué longtemps, mais j'ai arrêté. Ses yeux noirs se plantèrent dans les miens, verts. Je les détournais. Je sentais cette boulle dans ma gorge, dans mon ventre, se reformait. Elle pesait sur mon estomac, me lier la langue à la manière du plomb. Le jeune homme ne protesta pas, et changea gaiement de sujet. Je remarquais cependant qu'il avait mis la chanson dans la pile de celle qu'on garderait pour le concert. Au bout d'une heure, nous avions peser le pour et le contre, débattu avec hargne, parlementé et, enfin, parvenu à une sélection d'un commun accord. C'est avec solennité que Gaël réuni les autres membres du groupe autour du vieux sofa. Il se tenait là, devant nous, dans sa chemise blanche qui tranchait étonnement bien avec son teint sombre. Il tenait dans ses mains, immenses tout comme lui, divers papier qui concernait le groupe. Pour conclure ce tableau de parfait manager, il se racla la gorge avant de commencer. - Bien. Après maintes réflexions et débat, on a réussi, avec Jesse, à sélectionner six partitions pour samedi. Nous avons choisis tout d'abords parmi celle que le groupe arrive à jouer sans problème, puis les plus réussis, les plus belle. Voici celle que nous avons retenus : House of Cards, Pilot Light, Now I Know, The Last Knight, Poem for a Sailor et Ange et Démon - excusez moi pour la prononcitation. Il avait insisté pour que ce dernier figure dans notre programme. Je l'avais laissé faire, je n'avais pas le courage de luter contre un ouragan pareil. Dave me regarda à travers ses mèches noires, un peu inquiet. Je lui adressé un sourire discret, signe que tout aller bien. C'était faux. Mes poids et mes chaînes ne m'avait pas quittés. Je profitais que l'Incruste -ce surnom me manquait- explique tout en détail pour me lever et déclarer aller chercher une dose de caféine pour chacun d'entre nous. Une répétition on ne peut plus intense s'annonçait.
Mon front était posé contre le bois, froid, du petit placard sous l'évier. Mon coeur battait à tout rompre, et je me félicitais d'avoir réussi à rester impassible devant les autres. Sitôt arrivé dans la cuisine, je m'étais écroulée sur le carrelage et les larmes avaient coulé d'elle-même, sans que je parvienne à les retenir. Pourquoi avait-il fallu qu'il choisisse cette chanson là en particulier ? N'avait-il pas compris à mon silence que ce n'était pas une chose à faire ? Bordel, était-il idiot à ce point ? Je refermais mon point sur le rebords du lavabo et cognais légèrement mon crâne contre le meuble. J'étais trop fragile. Je pensais avoir guéri, pansé avec soin toutes mes blessures... Il n'en était rien, et c'était peut-être une révélation encore plus douloureuse. Cette chanson est en français parce que Mellie l'est. Enfin, à moitié. Sa mère vient de ce pays d'Europe, elle passait toute ses vacances là-bas. Une fois, même, j'y étais allé. C'était magnifique, incroyable. Inoubliable. Cette chanson, c'était la sienne. La notre. Elle l'avait composé pour nous, au tout début. Si l'instrumental est si beau, si profond, c'est parce qu'elle la créé de toute pièce, à notre image. Cette chanson, c'est une partie de moi, et je ne sais pas si je supporte de l'exposer à tout le monde. Je me redressais, essuyer mes yeux avec application, prenait même le temps de me rafraîchir pour que rien n'y paresse. Je soufflais profondément et préparé, enfin, les cafés. Rien ne servait de se morfondre. En plus, je lui devait bien cet hommage, quoi qu'il m'en coûte.
Je marchais à pas très lent, mesuré, prudent. Je portais avec grande intention un plateau où reposait cinq café et un soda -Luck ne prend pas de caféine-, qui tenait, me semblait-il, par un miracle tellement leurs situation me semblait précaire. Heureusement, j'avais un équilibre suffisamment développé pour venir à bout des nombreux obstacles qui se dressait devant moi, déterminé à me faire chuter. Que ce soit portes coincées, chaussures traînant n'importe où, sol glissant pour je-ne-sais-quelle-raison ou encore un coup de vent bien placé. Pourtant, après trois bonnes minutes de marche -alors que cela ne prenait qu'une petite minute à l'habitude-, je parvenais au niveau du garage. Les garçons semblait en pleine conversation, et je ne pu m'empêcher de m'arrêter et de tendre l'oreille lorsque j'entendis mon nom. C'était Gaël qui parlait : - ... allez me faire croire qu'aucun de vous ne sort ou n'est sorti avec Jesse ? - Bah non, répondit mon batteur Luck sous le ton de l'évidence. - Comment ça se fait ? - Jesse c'est pas une fille, répondit John. On la connais depuis trop longtemps, ce serait trop bizarre de sortir avec une fille qu'on a vu en train de frapper un gars avec son skate... - Carrément, rien que de m'imaginer lui rouler une pelle... Beurk ! Si j'avais pu, je leurs aurait fait bouffer le parterre à ces deux-là ! Moi, pas une fille ? Ce n'est pas parce que je ne mettais pas ma féminité en avant que j'avais des "couilles", comme ils disent si bien. J'entendis le rire de Gaël -très clair, très pur, en accord avec sa voix d'ailleurs- avant qu'il ne reprenne : - Et toi Dave, vous êtes proches non ? - Oui. C'est ma meilleure amie, je ne suis pas amoureux d'elle. - Baah, tu pourrais. Elle est vraiment jolie, ta copine. Ses yeux, c'est vraiment la classe. En plus elle est du genre blonde à forte poitrine, elle a du se faire draguer par plein de mec non ? - Pas vraiment, elle sort jamais sans nous. On doit effrayer ses "prétendants", dis le guitariste en riant. - C'est vrai que vous avez un look un peu spécial, les gars. N'empêche, vous la regarderez mieux et vous verrez que cette fille est canon. Peu à peu, la conversation dévia doucement sur des techniques de musique et sur comment entretenir sa gratte ; je vous passe les détails. Moi, je restais là, tapis dans l'ombre, à attendre que mon coeur se calme. Qu'avait-il à battre à tout rompre ? Sans doute étais-ce l'agacement que je ressentais envers Luck et John. C'était sûrement ça. Ça devait l'être. Je croisais mon reflet dans le rétroviseur de la vielle moto de mon père et me rendais compte que j'avais les joues rosies, ce qui faisait encore plus ressortir mes yeux. Certes, ceux-ci étaient plutôt pas mal, original dira-t-on. D'un vert clair tirant largement sur le bleu, cette couleurs qu'on appelait, je crois, vert d'eau. Mais, avec mes cheveux platines, c'était les seules choses jolies chez moi. Mes lèvres était trop grosse par rapport à mon nez, ma poitrine trop importante comparé à mes hanches, et mes jambes interminables et frêles malgré ma taille moyenne. Non, décidément, je ne comprenais pas Gaël. Peut-être voulait-il détendre l'atmosphère ? Oui, c'était ça. Il avait fait une malheureuse boutade que j'avais prise au sérieux. Rien d'important, donc. Le coeur plus léger, je sortis de ma cachette comme si de rien n'était. Nous avons bus nos cafés, les gars ont tous fumé, même Jeremy qui semblait très stressé à l'approche du concert. Tout comme moi, d'ailleurs. Je remarquais à l'occasion que Gaël non plus ne fumait pas, et quand je lui ai demandé la raison, il me répondit qu'il tenait à sa santé, ce que je trouvais plutôt étrange puisqu'il était assez porté sur la bouteille. Il n'était pas du genre à se bourrer la gueule du matin au soir -pardonnez-moi l'expression- mais je ne l'avais jamais vu refuser une bière. Après quoi, nous sommes retourné à nos répétitions, en tâchant d'interpréter les morceaux avec efficacité. On a été obligé de s'attarder longuement sur Ange et Démon, chanson qu'on jouait rarement à l'accoutumé que notre cher manager avait, en quelque sorte, sortis du placard à balais. Après plusieurs heures d'entraînement, on a réussi à s'améliorer de manière saisissante ; le dernier passage à poser problème était l'interlude au piano de Jeremy, où je devais poser ma voix en vocalise. De ce fait, j'ai renvoyé tout le monde, car il se faisait tard, et on est resté à trois. Gaël tenait à participer, insistant sur le fait qu'il n'avait rien de mieux à faire. Une heure -intense-, plus tard, nous étions épuisés par l'effort, et, de toute manière, mon rouquin de pianiste devait rentrer chez lui. Ses parents étaient assez strictes, ne lui laissant que peu de liberté et insistant pour l'emmener et le ramener quand il venait répéter avec nous. Je vis la voiture bleue de son père se garer devant chez moi. Jeremy se dirigea vers lui, ouvrit la portière et s'installa sur le siège de cuir beige. Je m'approchais pour saluer l'homme d'une cinquantaine d'année qui avait pris la place de conducteur. Celui-ci m'adressa un sourire poli et une petit signe de la main avant de faire ronfler le moteur et de s'en aller. Les parents ne m'aimaient pas, de manière générale. Ils aimaient ma famille, mais ma manière de vivre les repoussait. Bien sûr, il ne l'avait jamais dis comme ça, mais je le savais. Ce n'était pas si grave, en réalité, j'en avais rien à faire de plaire au gens. J'entendis une sonnerie raisonner derrière moi. Je me retournais et voyais Gaël qui décrochait son téléphone high-tech. Il parlait à voix basse, comme s'il ne voulait pas que j'entende, alors je m'éloignais un peu. La curiosité ne m'avait plus rien apporté de bon depuis bien longtemps. A peine une minute plus tard, le métisse revenait vers moi en disant qu'il devait partir tout de suite, qu'il avait quelque chose à faire J'étais plutôt étonné, pour la simple raison que c'était, d'habitude, toujours à moi de le mettre dehors. Il ne semblait rien avoir à traficoter d'autre que de rester dans mes pattes à longueur de temps. Il me lança un petit sourire avant de disparaître à l'angle de ma rue. Je regardais le soleil pendant quelques secondes, il n'avait même pas encore commencer à décliner. Je regardais ma montre et voyait qu'il était à peine dix-sept heures. Je soupirais doucement et toucher du bout des doigts le petit pendentif qui trônait autour de mon cou. C'était une simple sphère creuse en argent. Creuse, mais pas vide.
- Chapitre 5:
- Ma chérie, tu es prête ? La voix était féminine, claire, légèrement nasillarde. Indéniablement celle de ma mère. J'ouvrais les yeux et me redressais, ce qui entraina tout un concert de clapotis. J'étais dans mon bain depuis longtemps maintenant, plus d'une heure sans doutes, tant et si bien que l'eau était tiède. Je passais une main, humide et frippée, sur mon visage en tâchant de reprendre mes esprits. C'est d'une voix ensommeillée que je répondis : - Hein ? Prête pour quoi...? Petit silence, j'entendis ma mère soupirer. Elle repris sur un ton de reproche : - Ne me dis pas que tu as oublié...? On a une soirée ce soir, pour la sortie du livre de ton père. On doit partir dans moins d'une heure pour y être à temps. Je jurais bruyamment. Cette maudite soirée m'était complètement sortie de la tête ! J'entendis ma mère s'éloigner en marmonnant de la porte. Je pouvais comprendre son agacement, j'avais toujours était tête en l'air, incapable de me souvenirs de la moindre date ou de la moindre horaire. Je me lavais à la vitesse de l'éclair, manquant plusieurs fois de glisser et de m'éclater le crâne par terre. Une fois bien propre, je vidais l'eau et m'entortillait une serviette autour du corps et sur le haut de la tête. Je sortais de la salle de bain et entrait dans ma chambre. J'ouvrais mon armoire et farfouillais longuement dedans à la recherche de quelque chose à me mettre. C'était un jour très spécial pour mon père, je devais faire un effort. Pour lui. Je dégotais une robe noir assez courte avec une large ceinture sombre qui enserre la taille. Le tissus est doux et lisse, semblable à du satin. Je la plaçais devant moi et regardais mon reflet dans le miroir. Pas mal. Mon regard s'attarda sur une photo coincé entre le cadre et la glace. Une photo prise par un inconnu, une photo de nous. On était magnifique, surtout Mel. Elle portait cette petite robe bleu écossaise qui lui allait si bien. On aurait dit une fée, avec son sourire de lutin. Je fermais les yeux. Les rouvrais et prenais soin d'écarter mon regard. J'enleva ma grande serviette et enfila la robe noire. J'attachais prestement la ceinture. Oui, cet habit m'allait vraiment bien. C'était parfait. Enfin, autant que ça pouvait l'être, sans elle. Je repartais comme un ouragan dans la salle de bain et commençais à me sécher les cheveux tout en tentant de réaliser un semblant de coiffure. Finalement, j'optais pour une queue de cheval nouée haute, bouclée à l'anglaise et plusieurs mèches laissées libres autour de mon visage. Je réalisais tout ça le plus rapidement possible. Une fois ceci fait, je me maquillais légèrement : un peu de mascara, de l'eye liner et un gloss presque invisible. Je mettais peu de maquillage, pourtant je savais plutôt bien le faire. Sans doute grâce à mon excellent professeur... Ma mère m'appella une énième fois, fatiguée de toujours avoir à m'attendre. Elle me précisa que mon père est déjà parti, qu'il ne pouvait pas se permettre d'être en retard et que nous non plus, à la base. Je déboulais dans le couloir, descendais les escaliers et rejoignais ma mère, déjà prête depuis un moment. Elle portait cette longue robe de soirée bleue turquoise qu'on avait acheté il y a trois ans. Cet habit lui allait parfaitement bien, elle était magnifique. Elle me sourit, incapable de m'en vouloir, et m'ouvrit la porte. Nous descendîmes l'allée de pierre jusqu'à la voiture. Je soupirais, préparant ma façade souriante, heureuse, épanouie. Saloperie d'étiquette, saloperie de bourgeoisie.
Tout était beaucoup, beaucoup trop beau. Ce n'était que détails dorés et raffinés, arabesques sans fin et napperons de dentelle sur tout les meubles en chêne massif. La salle principale devait faire quatre fois mon garage, et pourtant ce dernier n'était pas petit. Et le plafond... Qui avait eut l'idée de le faire si haut ? Des lustres en cristaux pendaient, éclairant une assemblée de bourgeois radieux et un orchestre qui jouaient de leurs instruments sans la moindre émotion. Peut-être étais-je trop sévère, mais je détestais appartenir à ce monde. Les froufrous, c'était vraiment pas mon truc. Les paillettes et les mises en scène non plus d'ailleurs. Pourtant, j'avais retenu mon envie de fuir à toute jambes en balançant mes talons hauts derrière moi et je faisais bonne figure. Ma mère se tenait à côté de moi, un verre de champagne à la main et un sourire éclatant au visage. Je me contentais d'hocher la tête, d'échanger les formules de politesse et, lorsque mon interlocuteur m'y obligeait, faisait l'éloge du livre de mon père. Je ne l'avais même pas lu. Mais mon père était plutôt doué alors j'avais confiance que ce que je disais n'était pas complètement faux. Je parlais à un aristocrate rondouillard lorsque j'aperçut les jumelles Jane et Mary en train de courtiser deux jeunes hommes. Je prenais poliment congé et me dirigeait vers elle. En toute honnêteté, on ne pouvait pas dire qu'on était les meilleures amies du monde. Mais elles étaient resté aimable avec moi quand je n'était pas au top de ma forme, et puis les moins de trente ans étaient plutôt rare dans ce genre de réception. Mary me vit à son tour et s'approcha de moi le plus rapidement que l'étiquette et ses dix centimètres de talon le permettait. Des deux soeurs, Mary était sans doute ma préférée. Elle était plus ouverte que Jane, moins critique, plus naïve aussi. Un peu comme Mellie, en fait. - Jessica Rosebury, s'écria-t-elle en approchant sa joue de la mienne. On avait peur que tu ne viennes pas ! - Ah, et pourquoi donc ? demandais-je alors que Jane nous rejoignait. - Eh bien... Tu n'es pas venu très régulièrement depuis... Enfin, tu vois, tu nous as manqué à plusieurs reprise ces derniers temps ! - Oui, je sais, mais c'est la soirée de mon père. Je devais venir. - Très réussie, cette soirée d'ailleurs. Ta mère est en beauté, s'enjoua Mary. - C'est vrai, acquiesçais-je. Vous aussi, vos robes sont tout simplement magnifique. - Tu trouves aussi, déclara Jane en tournoyant un peu sur elle même. Ce sont des créations française, mais tu as du t'en rendre compte. Tu connais bien ce pays, n'est-ce pas Jessica ? Mary foudroya sa soeur du regard pendant que je me figeais sur place. Mon coeur tressauta alors que ma bouche se crispait en un sourire forcé. Jane ne faisait déjà plus attention à moi, trop occupée à récolter les compliments des deux garçons qui l'accompagnait. L'autre jumelle posa une main sur mon épaule en s'excusant du comportement de son "idiote de soeur" -je cite. Je repris la parole, en espérant que ma voix ne tremblerait pas. - Ne t'inquiète pas. Je vais mieux. - Si tu le dis, murmura-t-elle en me lâchant. Tu fais toujours de la musique avec tes amis ? - Oui, m'écriais-je joyeusement, bien heureuse d'enfin changer de sujet. - J'aimerais vraiment voir ce que ça donne... - Eh bien, tu peux ! On donne un concert après demain dans un bar près de chez moi ! - Vraiment ? Dit moi précisément où, j'essaierais de venir ! - Le bar "Le Sibérien", tu sais, à côté du centre commercial, sur la 2e Avenue. - Je demanderais à Père, déclara-t-elle en souriant. - Jessica, appela Jane en revenant vers moi. Tu portes toujours ce collier morbide ? - Jane ! Ca suffit maintenant, s'écria Mary, tu es intenable. - Moi ? Mais c'est plutôt elle ! Tu ne vois pas qu'elle a une mauvaise influence sur toi ? Un concert de rock... Où as-tu la tête ? Père ne te laissera jamais y aller. - Tu dis n'importe quoi, Père aime bien les Rosebury. - Il aime bien leurs place gratuite aux restaurants de leurs clients, voilà tout. - Mesdemoiselles, je vous empreinte votre amie, coupa une voix masculine. Un main attrapa mon poignet et me retourna de force. J'étais dans une sorte de léthargie, dans une brume épaisse. La personne qui était intervenu avait bien fait. Dans cet état, j'aurais été capable de me jeter sur cette idiote de Jane pour lui montrer quel goût avait mes poings. Elle l'aurait regretté. Je levais les yeux vers mon "sauveur". Mon sang ne fit qu'un tour. Tout beau, tout propre dans son smoking sombre, Gaël en personne. Et coiffé, s'il vous plait. Il s'élança à grand pas en m'entraînant derrière lui. Il m'emmena sur le balcon et s'accouda à la rampe de marbre gris. Je le regardais bêtement, la bouche à moitié ouverte, tandis qu'il défaisait un peu le noeud de sa cravate blanche. Il planta ses yeux qui était, me semblait-il, aussi noir que la nuit, dans les miens et déclara : - Alors, on dit merci qui ? - Mais... Qu'est-ce que tu fous là ? - De rien Princesse, tout le plaisir était pour moi. J'ai l'habitude de sauver les jeunes filles en détresse des horribles dragons. - Primo, il y a qu'un dragon, et c'est Jane. Mary est gentille, alors ne la mets pas dans le même panier. Secundo, j'aurais pu m'en sortir toute seule. Je lui aurais massacré la tronche à cette sale garce. Tertio, tu n'as pas répondu à ma question. Quarto.... Merci. - Mais de rien, s'écria joyeusement Gaël. Figure toi que je viens d'une famille plutôt aisée, et comme je suis nouveau dans la région, ma famille a voulu que je vienne dans cette soirée pourrie histoire de me mélanger avec les gens de la Haute. - Soirée pourrie, répétais-je, sidérée. Tu sais que c'est pour mon père qu'elle a été organisée, cette "soirée pourrie" ? - Oups, marmona-t-il en souriant. Mais, ça veux dire que tu t'appelle Jesse Rosebury ? - Jessica, en fait. - Sérieux ? - Ouais. - Dis-donc, Jessica.... - Arrête ça tout de suite, ordonnais-je en écrasant mon index sur son épaule. - Quoi donc ? - Tu te fous de moi ! - Désolée, dit-il en riant franchement. Mais ça m'a fait un choc quand je t'ai vu... En robe, maquillée, coiffée.... La parfaite petite fille de bourgeoise ! - C'est parce que je le suis. - Donc tu es rockeuse et fille de bonne famille en même temps ? - Tout à fait. - Tu regorges de surprise, dis moi... - T'as encore rien vu mon gars. - Alors tu me montreras ? J'allais répondre une connerie en souriant quand je me rendis compte qu'il était tout à fait sérieux. Un silence gêné s'installa tandis qu'il ne me quittait pas des yeux. Il attendait vraiment une réponse, il fallait que je lui en donne une... - O... Ouais, peut-être. - Génial ! Bon, maintenant tu m'explique ce que l'Horrible Jany te voulait ? - Oh, pas grand chose... Jalousie. Mes parents sont plutôt cool, je peux faire ce que j'ai envie. Pas elle. - Ouais mais Mary est plutôt gentille, elle, non ? - Si, elles sont jumelles mais elles sont très différentes. - Moi, perso, je pourrais pas les différencier. Elles sont exactement pareil vu de l'extérieur. - En fait, pas vraiment. Jane s'est cassé le nez l'année dernière, elle a du faire une rhinoplastie. Maintenant, son nez est un peu plus petit qu'avant. Et Mary a un petit plis sous la lèvre inférieur quand elle sourit. - Wahou... - Quoi ? C'est pas fantastique comme différence non plus, dis-je en souriant. - Nan, c'est pas ça, mais tu dois vraiment observer les gens pour te rendre compte de ce genre de détail. - Et ça t'étonne ? - Franchement ? Ouais. La première fois que je t'ai vue, tu m'as eu l'air tellement butée et renfermée sur toi-même. Je pensais qu'il y avait un mur entre toi et le reste du monde. - C'est gentil, j'ai l'impression d'être asociale maintenant ! Pour la peine... Moi je pensais que tu étais un pervers, un emmerdeur et un gros prétentieux. - Et maintenant ? - Disons que c'est un peu différent, éludais-je en faisant un petit clin d'oeil. - Tu sais que tu me rends folle ? - Ouais, objectif atteint. - Bon, c'est pas tout, mais on retourne à l'intérieur ? - Oh non, t'avais raison, cette soirée est nulle.... Restons ici, s'il te plait. - Pas question, coupa Gaël. - Mais pourquoi...? - Je veux danser avec toi. - Hein ? - Ok, ça c'était vraiment pas charmant comme réaction. On aurait dit une fille de néandertalienne avec ta bouche ouverte là. Je croyais que t'étais une demoiselle. - Tu me le paieras, marmonnais-je. - Je peux payer en nature ? J'écrasais mon poing sur son épaule, ce qui me fit sans doute plus mal qu'à lui. Nous sommes partis sur un fou rire profond et sincère qui arracha un regard vénéneux à Jane. Tiens, le charme métissé de Gaël avait peut-être agit sur elle... Tant mieux. En dansant avec lui, je lui rendrais la monnaie de sa pièce. Avec mon "manager", on est monté sur la piste de danse qui était quasiment déserte et je me suis accroché à ses épaules. On a dansé comme ça un moment, avant d'être rejoint par Mary et un garçon au sourire charmant. Mes parents sont venus, suivit d'une multitude d'autres couple. Vers deux heures du matin, tout le monde avait fait au moins un tour de piste. Personnellement, j'étais extenué, et j'avais demandé à ma mère de me ramener à la maison. Avant de partir, j'avais salué les jumelles et Gaël. Ce dernier m'avait attrapé par le bras alors que je m'étais retournée. Je le regardais, surprise, et il déclara d'un air faussement outragé. - Je croyais que nous étions amis. - Bah, on l'est non ? - Vraiment ? Et, en tant qu'ami et sauveur, je n'ai pas le droit à une bise ? - Gaël, tu fais chier. J'avais dis ça en souriant, avait posé de manière très furtive mes lèvres sur sa joue avant de me dégager et de tourner les talons. Je lui adressé un signe de main princier avant de m'enfuir. Mes parents m'attendaient avec leur petit sourire satisfait aux lèvres que j'aimais tant. Il le faisait souvent quand j'étais plus jeune, quand je ramenais une bonne note, la première fois que j'ai joué de la guitare... Il m'avait manqué, ce sourire. J'avais l'impression d'avoir fait quelque chose de bien. Je ne savais pas exactement quoi, mais c'était sans doute en rapport avec ma bonne humeur. Qui sait ? Finalement, la soirée n'avait pas été si terrible. Par contre, si j'avais croisé Jane à la sortie, je crois bien que j'aurais cassé une nouvelle fois son joli petit nez. Malheureusement, l'occasion ne se présenta pas.
- Chapitre 6 (en cours):
- Jesse, ça va ? Je lançais un regard noir à Gaël et son air nonchalant. Comment pouvait-il rester aussi calme dans un moment pareil ? Plus les minutes passaient, plus l'avenir de tout notre groupe s'obscurcissait. Bien sûr, lui n'en avait sans doute rien à faire. Mais j'aurais espéré mieux de lui. Je détournais le regard, le plaçant au loin, tandis que je tenais un peu plus fermement les dreads de Dave. - A ton avis ? C'était censé être le plus beau jour de notre vie et ça tourne au cauchemard, répliquais-je. - Mais non, t'inquiète pas, c'est qu'un petit coup de mou. Il va se reprendre. - Tu déconnes là ? Il est en train de gerber. Les bruit gutturaux que mon bassiste produisait étaient simplement horrible. J'avais moi-même des hauts le coeur, assise sur le sol des toilettes pour hommes du sibérien. Gaël se tenait appuyé contre l'encadrement de la porte tandis que Dave avait la tête plongé dans les toilettes. Je lui tenais les cheveux en arrière. Je passa ma main libre sur mon visage, cherchant à me calmer. C'était vraiment pas de chance qu'il soit malade ce soir. - C'est juste le stress, expliqua le métisse. Ca va lui passer. Dans une demi-heure, il sera comme neuf et il s'éclatera sur scène. - Ouais bah ça reste à faire. Si ça se trouve il va dégueuler sur le public. - Mais non... Ce que tu peux être négative, on dirait Luck ! La scène, c'est un endroit magique. - Et comment tu sais ça, grand manitou ? - Bah... C'est ce qu'on dit, moi j'en sais rien. - Tu vois ? Hey, Dave, c'est bon ? T'as plus la gerbe ? - Non, marmonna l’intéresse en se redressant. Je crois que c'est bon. - Tant mieux, s'exclama Gaël en frappant dans ses mains. Dans trente minutes, c'est à vous mes enfants. » Et il repartit d’un pas nonchalant tandis que mon bassiste se relevait et se dirigeait vers le lavabo pour se nettoyer le visage. Je tirais la chasse en me retenant de vomir à mon tour, dégoutée par l’odeur horrible qui m’arrachait les narines.
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| | | Jude Pears
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| | | Erika V. Nilsen
Messages : 108 Date d'inscription : 09/04/2012 Age : 33 Localisation : Cherche.
Feuille de personnage ♣ Age : Vingt-et-un ans ♣ Gène : Lycan ♣ Copain/Copine ? : Free
| Sujet: Re: Je suis faîtes de la même matière que les rêves. Jeu 2 Aoû - 22:46 | |
| Je veux la suite de Siberian Grenadine~ S'il te plaaaait.
MOUUUUUUUUF. ♥ | |
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| Sujet: Re: Je suis faîtes de la même matière que les rêves. | |
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| | | | Je suis faîtes de la même matière que les rêves. | |
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