Le bateau s'ébranla légèrement en accostant enfin. Plusieurs jours que j'attendais ce moment, et, pour être honnête, je commençais à en avoir ras le bol de tanguer en permanence. Et puis ce bleu ! Sérieux, j'ai toujours bien aimé cette couleurs, mais là, j'avais envie de vomir en voyant cet océan, toujours cet océan ! Le Pacifique, c'est cool vu des côtes canadiennes, mais au bout d'un moment... Bah ça va bien, quoi ! Encore que l'équipage était cool (et leur réserve d'alcool aussi, hé hé hé) parce que sinon, j'aurais craqué. Mais bon, c'était fini, alors n'en parlons plus !
J'ai carrément sauté du pont, malgré l'avertissement d'un matelot qui passait par là. J'en avais marre, il galérait à installer le petit embarcadère ou j'sais pas trop quoi. Un bateau qui était arrivé presque en même temps que nous s'était vidé depuis un petit moment déjà. Mais là, tout le monde attendait patiemment, moi j'en avais marre. Et puis, c'était vraiment pas haut, j'ai à peine fléchi les genoux en atterrissant. D'ailleurs, plusieurs autres personnes m'ont imité après ça, et j'ai pas pu retenir un sourire. Eh bah voilà !
Je me suis approché de l'arrêt de bus pour checker les horaires. Bon. Je viens de louper le dernier bus avant presque une heure. J'fais quoi moi ? Ni une, ni deux, j'ai ramené mon sac style militaire sur mon épaule, j'ai regardais un peu autour de moi. Un panneau indiquant le pensionnat. Parfait. J'ai soupiré, secoué légèrement mes jambes parce qu'elle étaient encore engourdies par le trajet, puis je me suis mise à courir. De grandes, longues foulées, rapides et puissantes. Je faisais de grande inspiration, un air concentré sur le visage. L'air me caressait doucement la peau tandis que les cailloux en bordure de la route roulaient sous mes semelles en crissant un peu. Bordel ça fait du bien.
Après quelques minutes, pas très longtemps parce que j'avais pu emprunté les chemins qui traversait champs et forêt, je suis arrivée devant la grille de l'école. Je l'ai poussé, traversé le parc d'un pas rapide puis j'ai poussé avec aisance la grande porte en chaine massif. Je me suis retrouvé dans le hall. Eh bien, nous y voilà. C'est grand, quand même. Je me suis approchée du fond, parce que y'avait une petite dame stéréotype de la réceptionniste qui était installée derrière un espèce de comptoir. Je devais avoir raison puisqu'à peine arrivée, elle leva les yeux vers moi et me dis (en plusieurs langue) :
"Nom, prénom, nationalité."
Bonjour à vous aussi....
"Taylor, Andrea. Canadienne.
Elle chercha pendant quelques secondes, peut-être un peu plus d'une minute, sur un tonne de papier. Et quand je dis une tonne, c'est une tonne. Je n'avais pas la moindre idée de comment elle pouvait s'y retrouver, sérieux. Elle plissa les sourcils avant de se tourner vers moi en prenant un air pincé :
"Andrea Scott Taylor, c'est vous ?
- Euh, oui... Mais...
- Merci de donner des informations exactes."
Je ne répondis pas, restant de marbre. J'avais tendance à oublier mon nom de famille. Je ne l'avais jamais utilisé, et ma mère puis mes grands parents avaient pour habitude de m'inscrire directement sous le nom de Taylor. Bref.
"Bien. L'association qui a organisé votre voyage s'est chargé de remplir votre dossier. Vous n'avez plus qu'à prendre vos clé. Vous logerez à la chambre 8."
Elle posa bruyamment une petite clé sur le comptoir, que je récupérais. Je la saluais poliment avant de m'éloigner dans un couloir, suivant le petit panneau "Dortoirs des filles.". En parlant de ça, j'en profitais pour zyeuter un peu autour de moi les demoiselles qui passait. Eh bien, il y a de quoi faire dans cette école...
