Une belle rencontre [En Cours]

De retour au service, ces heures de travail, c'est pas humain, c'est que 5H28 du matin et j'suis déjà au cabinet, des fois j'me demande si personne ne voudrait me remplacer..
C'est comme ça, j'suis seul, je me bouge ! Ces temps-ci les patients n'affluent pas, c'est pas le moment de se plaindre.
On pourrait tout de même changer quelque petites choses !
Je sais ! Il faut créer un espace plus chaleureux afin d'inciter les gens à entrer parce que cette ambiance ne donnerait pas à un mort l'envie de s'asseoir..
Modifie l'entière salle d'accueil avec passion
Donc si je met ça là, ça là, que je change ça, cette table basse ici, ces chaises là, une affiche ici... Là c'est bon !
Cette salle est enfin assez conviviale pour y accueillir du monde !
Avec ça, les patients défileront comme jamais !
Plus qu'à attendre.. Avec tous ces rangements, deux heures sont déjà passées..
Attendre, toujours attendre, eh bah on dirait que c'est moi le patient *rire discret*
Les heures se faisaient longues et ma patience commençait à s'amenuiser, je m'assis donc dans la salle d'accueil en bouquinant quelques magazines rasoirs traitant tous des même sujets desquels la société n'a pas marre de parler vainement.
J'étais exaspéré par tout, cette arrivée soudaine sur l'île, ce métier ne requérant aucune compétence en médecine pure, seul les premiers jours étaient utiles, je ne sais pas ce que je fais ici, les blessés de guerre sont tous déjà arrivés..
Il me faut absolument de la compagnie cependant, le pensionnat ne peut pas se permettre d'engager une seconde personne, je suis vraiment coincé dans ce cercle vicieux..
Ennuyé par tout ça, je retournai à ma lecture quand j'entendis des bruits de pas, de plus en plus proches, cela semblait être ceux d'une femme et peut-être, ma première cliente de la journée, la cassure dans ma boucle infernale de l'ennui, la libération de ma sérénité, ma bouffée d'air dans l’asphyxie, mon soleil dans l'obscurité, ma première cliente de la journée..
mon cœur battait d'excitation, ce fut pour moi un moment de joie pure, comme une douce symphonie dans mes oreilles, ces bruits de pas s'intensifiaient et je ne tenais plus en place, le temps était comme ralenti, les secondes transformées en centièmes, mon pouls, quant à lui s'accélérait, j'étais dans tous mes états, je m'imaginais toutes les manières possibles de l'accueillir, je pensais opter pour un style chaleureux sans pour autant être collant, familiariser la clientèle pour se faire recommander ensuite.
Je scrutais chaque recoin de la pièce avec insistance afin de repérer la moindre imperfection mais bon, quand je fais les choses, je ne les fais pas à moitié c'était aussi valable pour le rangement de mon lieu de travail, tout semblait impeccable, propre, soigné, nickel de chez nickel ! Il ne me restait plus qu'à attendre la personne arriver.
Petit à petit, une ombre devint perceptible, s'agrandissant à vue d’œil, ma hâte était à son comble, c'était une femme, une jeune femme.. je ne pouvais pas donner son âge précisément mais elle était vraiment agréable à voir, mes yeux ne voulaient pas s'en détacher, la splendeur de ses courbes, ses cheveux aux reflets luisants, son visage innocent, cette femme était décidément parfaite.
Arrivée devant le seuil, elle marqua un arrêt soudain, regarda autour d'elle, l'air de rien, pendant que je la fixai avec passion, la jeune femme ne semblait pas me voir du coup j'en profitais.
Ensuite, je la vis faire un pas supplémentaire, puis un autre ; elle s'en allait.
Ma déception était totale, ce fut tel une pluie de haches un beau soir de juin, une dague perforant le fin fond de mon âme, un éclair brûlant ma forêt de la sérénité, une tempête après le calme, un coup de couteau sur une blessure récente, un ouragan balayant l'épave de la solitude.